La sixième cohorte de FounderFuel, la première depuis la nomination de Sylvain Carle à la tête de l’incubateur montréalais, se démarque des précédentes sur plusieurs plans. D’abord, plusieurs des start-ups qui ont présenté à l’occasion du Demo Day de mardi soir généraient déjà des revenus substantiels, ce à quoi on ne nous avait pas habitués. Ensuite, la majorité des sept start-ups qui ont présenté faisaient dans la vente aux entreprises (B2B).
Des huit start-ups de la cohorte, seule Nu Messenger, qui a récemment revu son modèle d’affaires, s’est abstenue de présenter son projet au théâtre Rialto. Bien préparés, les autres entrepreneurs ont tenté de séduire les investisseurs, et ce, plus souvent avec des chiffres de ventes qu’avec des nombres d’utilisateurs.
Il s’agit d’un signe de maturité pour FounderFuel, dont les 53 start-ups incubées à ce jour ont collectivement fait l’objet de quelque 25 millions d’investissements en capital de risque. Toujours sous le signe de la maturité, celle de l’écosystème de start-up montréalais cette fois, Daniel Robichaud, qui a vendu PasswordBox à Intel cette semaine, est monté sur scène mardi soir. Il y a alors annoncé avoir fait un don qui permettra à la Maison Notman de finalement ouvrir son café début 2015.
Trois start-ups à surveiller
Comme j’ai pris l’habitude de le faire, je vais présenter ci-après les trois start-ups qui m’ont paru les plus prometteuses. C’est un exercice pour le moins subjectif, et je dois avouer avoir eu du mal à me limiter à seulement trois start-ups. Les voici donc:
1. Selective Few
La start-up montréalaise a créé une plateforme transactionnelle qui est en quelque sorte un Amazon pour les clients fortunés. Elle ne tient toutefois aucun inventaire, puisqu’elle tisse des partenariats avec des boutiques indépendantes de vêtements et d’articles de mode de luxe, à qui elle offre une visibilité sur sa plateforme.
Son modèle d’affaires est donc plus près de celui d’eBay, les enchères en moins, dans une niche où l’image est extrêmement importante pour les détaillants, qui tiennent à ce que l’expérience en ligne soit à la hauteur de celle en magasin.
L’idée derrière Selective Few est loin d’être révolutionnaire, mais le succès d’une start-up dépend plus de sa capacité à exécuter que de son idée de départ. Aussi, la start-up a pour directeur des TI un ancien développeur de Frank & Oak, Alexandre Leclair, et a déjà lié un partenariat qui pourrait se révéler payant avec la Montréalaise Lightspeed, qui se spécialise dans les terminaux de paiement sur iPad.
Financement recherché : 500 000 $
2. Redtree Robotics
La start-up co-fondée par deux doctorants en informatique de l’Université Guelph, en Ontario, se démarque en cela qu’elle s’attaque à un problème de taille : le manque de standardisation dans l’industrie de la robotique. La start-up a ainsi conçu un ordinateur de bord qui offrirait une flexibilité telle qu’elle pourrait devenir un standard dans l’industrie de la robotique mobile, comme le sont les cartes mères d’Intel dans l’industrie des PC.
Il s’agit d’une proposition ambitieuse et les écueils semblent nombreux sur cette voie. Cependant, si Redtree Robotics parvenait à son objectif, la valeur créée, tant pour les fabricants de robots que les actionnaires de la start-up, serait immense. En effet, le marché de la robotique à l’échelle mondiale en serait un de 65 milliards, qui connaitrait une croissance de 9 % par année, selon les co-fondateurs de la start-up.
Financement recherché : 1 500 000 $
3. Flatbook
La start-up dirigée par Francis Davidson a pour ambition de bâtir une marque nouveau genre dans l’industrie de l’hospitalité. Flatbook se livre en quelque sorte à un arbitrage, en sous-louant des appartements durant quelques mois, qu’elle loue ensuite à la nuit sur des plateformes comme Airbnb et HomeAway.
Jusque-là, Flatbook ne fait rien qui ne puisse être répliqué par n’importe qui ayant en sa possession un ordinateur et de l’esprit d’initiative. L’avantage concurrentiel sur lequel mise Flatbook est ainsi sa marque, qu’elle veut développer en offrant un service supérieur. Notamment, Flatbook souhaite faire plaisir à ses hôtes en leur prêtant un iPhone pour la durée de leur séjour, en dotant ses appartements de serrures électroniques (pour leur éviter d’attendre devant la porte), et en leur offrant la possibilité de se faire livrer un panier d’épicerie.
Aussi, ce n’est pas tant grâce à sa vision qu’aux chiffres qu’elle a dévoilés que Flatbook a retenu l’attention mardi soir. En 30 semaines, la start-up a accueilli quelque 5 000 hôtes, qui ont passé quelque 25 000 nuits dans ses appartements répartis dans 11 villes. Le tout aurait généré des ventes de plus d’un million de dollars, sur lesquelles l’entreprise de 11 employés réalise une marge brute de 50%.
Financement recherché : 2 000 000 $ (500 000 $ auraient déjà été promis)