La start-up montréalaise Crew, qui a développé une plateforme pour confier des projets de design et de développement à des travailleurs autonomes, vient de compléter une ronde de financement de 8,5 millions de dollars US. Dirigée par le fonds de Boston Accomplice (anciennement Atlas Ventures) avec la participation d’iNovia et de Real Ventures, la ronde de financement dévoilée aujourd’hui porte le financement total de Crew à 11 millions US. Mikael Cho, pdg de Crew, se retrouve ainsi à la tête d’une des start-ups les mieux en vue issue de l’accélérateur FounderFuel, où il en a pourtant arraché.
« Nous nous sommes joints à FounderFuel avec deux ou trois idées, mais les mentors les ont démoli une après l’autre, si bien qu’on est reparti de zéro quatre semaines avant la fin du programme », relate Mikael Cho. Lors du Demo Day de FounderFuel, Mikael Cho n’avait qu’une idée et une présentation PowerPoint à offrir aux investisseurs.
L’idée, c’était une plateforme de pré-lancement d’application mobile inspirée de Kickstarter. Baptisée Ooomf, elle permettait aux développeurs de jauger l’intérêt des consommateurs pour leurs projets d’Application et de récolter leur courriel.
À l’époque, la présentation de la start-up ne m’avait pas plus impressionné que son nom contenant trois «o». Mikael Cho, pourtant, a réussi à convaincre des anges investisseurs d’investir 500 000 $ dans son projet en sortant de FounderFuel en 2012. Il a donc bâti sa plateforme et convaincu quelque 20 000 aspirants développeurs mobiles à l’utiliser.
Une dernière tentative
Malgré tout, la croissance des revenus n’était pas au rendez-vous et en février 2013, il ne restait que six mois à Ooomf avant de manquer d’argent. Mikael Cho, ne s’avouant pas vaincu, a alors décidé de tenter quelque chose de nouveau avant de fermer.
Constatant que le problème numéro un des entrepreneurs qui utilisaient son service était le développement de leur application mobile, Mikael Cho a eu l’idée de lancer une plateforme d’impartition de contrats de design et de développement Web et mobile. « Au début, notre produit n’était qu’une liste de courriels destinés à des pros triés sur le volet et un formulaire Google Doc pour préciser les besoins des donneurs de contrat », relate Mikael Cho.
AU début de l’expérience, les donneurs de contrat ne déboursaient que 10 $ par offre de contrat, mais le service a depuis lors beaucoup évolué. Rebaptisée Crew, la start-up perçoit désormais 15 % des contrats attribués sur sa plateforme, mais automatise la gestion des projets du début à la fin, offrant en quelque sorte un service moins complet que celui d’une agence, mais plus exhaustif que celui d’une plateforme comme UpWork.
Une plateforme pour la crème des travailleurs autonomes
Face au géant UpWork, toutefois, le principal critère de démarcation de Crew demeure la sélection minutieuse des professionnels qui peuvent offrir leurs services. Les quelque 550 professionnels approuvés par la plateforme auraient collectivement généré des revenus de 2,6 millions sur Crew depuis 2013 et 20% d’entre eux y gagnent plus de 50 000 $ par année. Le professionnel le mieux payé sur Crew engrangerait pour sa part 140 000 $ par année.
Contrairement à UpWork, où on retrouve une grande proportion de travailleurs situés dans des pays en voie de développement, 80% des travailleurs de Crew sont établis au Canada, aux États-Unis ou en Grande Bretagne. Selon Mikael Cho, cette répartition géographique n’est pas le fruit d’une décision à cet effet, mais simplement du critère de sélection rigoureux de Crew : « Nous n’acceptons que les professionnels qui ont travaillé sur des projets de grande qualité, ce qui fait qu’on accepte seulement une personne sur 20 qui applique. »
Forte de 23 employés, Crew doublera sous peu le nombre de travailleurs autonomes sur sa plateforme. Mikael Cho utilisera aussi son financement de 8,5 millions pour bâtir un réseau international d’espaces de travail collaboratif, dont le premier devrait être établi dans le Vieux-Montréal. Ceux-ci devraient être aussi bien destinés aux professionnels offrant leurs services sur Crew qu’aux autres travailleurs autonomes. Bref, c’est tout une progression pour une start-up qui, en 2012, était parmi les pires de sa cohorte de FounderFuel.