Nadav Perez, pdg de WordLink, pourrait écrire un roman s’il décidait de coucher sur papier tous les obstacles qu’il a surmontés depuis 2012. En mars dernier, toutefois, WordLink lançait son site Web qui répertorie les articles les plus partagés dans le monde. La start-up, qui a obtenu 100 000 $ de financement à ce jour, offre aussi son produit via des applications iPhone et Android.
Aujourd’hui, Nadav Perez considère que WordLink pourra compter sur deux sources de revenus. D’une part, il estime que le site pourra générer un trafic assez important pour être monétisé par la publicité, puisqu’il a accueilli 15 000 visiteurs uniques en un mois, sans effort de promotion. D’autre part, les médias et les marques faisant du marketing de contenu pourraient payer pour utiliser les outils d’analytique de WordLink.
Bref, si Nadav Perez est aujourd’hui convaincu que WordLink est promis à un avenir brillant, il en a douté plus d’une fois au courant des deux dernières années. Pour lui tout a commencé alors qu’il était en burn-out, après avoir décroché son MBA de l’université Concordia : « Toute ma vie, j’ai toujours travaillé ou étudier à temps plein, mais j’ai fait un burn-out après avoir gradué en 2011 », relate l’entrepreneur .
Après un an de repos, en 2012, Nadav Perez a une idée dont il parle à son propriétaire le même jour. Enthousiaste, ce dernier ne se contente pas de l’encourager. Il achète immédiatement le nom de domaine WordLink.com au prix de 10 000 $, puis avance 5 000 $ à Nadav Perez pour qu’il puisse commencer à travailler sur le site Web au plus vite.
Nadav Perez, qui est vite arrivé au bout des 5 000 $, trouve par la suite un investisseur prêt à investir 50 000 $. Son propriétaire s’oppose à l’arrivée au capital du second investisseur, tout en promettant de trouver d’autres investisseurs dans son cercle d’amis. L’investissement de son propriétaire n’étant pas formalisé, l'entrepreneur presse alors ce dernier de lui envoyer les documents. « Il me disait toujours qu’il m’enverrait le contrat le jour suivant, mais ça ne se matérialisait jamais», évoque Nadav Perez.
Avant d’avoir investi officiellement, ledit propriétaire, dont Nadav Perez m’a demandé de taire le nom, quitte la direction de l'entreprise qu'il dirigeait et, soudainement, devient difficile à rejoindre. Nadav Perez frôle de près la faillite personnelle. Plutôt que de se chercher un emploi, il investit alors ses derniers sous dans un voyage aux îles Turques-et-Caïques, où il prend du recul : « Voir tous ces vacanciers fortunés, ça m’a donné la motivation d’aller de l’avant », explique-t-il.
En 2013, il repart ainsi à neuf, avec un modèle quelque peu différent. Plutôt que de miser sur les utilisateurs pour classer le contenu, comme il comptait le faire initialement, WordLink allait classer le articles en fonction des partages effectués par l’entremise des réseaux sociaux existants, de Facebook à Pinterest, en passant par Twitter et LinkedIn.
Pour ce faire, WordLink fait du scraping sur les sites de nouvelles, en notant les nombres affichés sur les boutons de partages comme ceux qui se trouvent au sommet de cette page. Pour les sites n’affichant pas l’information, WordLink utilise les API des différents réseaux sociaux pour calculer le nombre de partages.
WordLink se démarque des autres agrégateurs, tels Flipboard, en offrant un moteur de recherche permettant de connaître quelles sont les nouvelles les plus partagées liées à n'importe quel mot-clef. Il s’agit d’une alternative intéressante à Google News, qui personnalise les résultats de recherche selon les intérêts de chaque utilisateur et où les nouvelles les plus récentes remplacent rapidement les plus anciennes, sans égard à leur viralité. En faisant une recherche sur WordLink, on peut ainsi connaître les nouvelles les plus partagées en provenance d’une source comme Les Affaires ou celles portant sur un thème comme les start-ups.
Malgré sa nouvelle inspiration, Nadav Perez n’est pas au bout de ses peines. En mars 2013, lorsqu’il rencontre John Stokes, associé de Real Ventures, ce dernier lui réserve un traitement pour le moins hostile : « Je pense qu’il voulait me tester, car j’ai constaté qu’il agissait toujours comme ça en regardant une vidéo sur YouTube après coup », relate Nadav Perez. Peu après, WordLink a toutefois obtenu un investissement de 100 000 $ en provenance de l’ange financier David Leb.
En février dernier, Nadav Perez a vu sa candidature écartée par le programme d’incubation de Capital Innovation. Il n’est pas heureux de l’apprendre, mais ne se décourage pas pour autant. Une semaine après le début du programme, Nadav Perez est invité à s’y joindre, une place s’étant libérée. La start-up, qui a terminé le programme le 24 avril dernier, n’est du reste pas sorti du bois. Établie dans l’appartement de Nadav Perez, elle s’apprête à déménager ses pénates.
Son propriétaire voulait qu’il s’en aille et Nadav Perez n’est pas malheureux de couper les ponts une fois pour toutes avec celui qui avait cru dans son idée deux ans plus tôt. Depuis lors, il a racheté ses parts jamais officialisées pour 20 000 $... et démontré par sa persévérance qu’il avait l’étoffe d’un entrepreneur.