La veille de mon pitch au Forum Fintech, je n’avais pas encore réussi à présenter Hardbacon en moins de 7 minutes. Et on m’avait averti que la limite de 5 minutes était non-négociable. Qui plus est, je ne connaissais pas ma présentation par coeur, de sorte que sa longueur variait d’une fois à l’autre. Bref, je savais que je n’y avais pas mis le temps nécessaire.
Cela dit, j’ai réussi à faire une présentation qui, sans être parfaite, m’a permis d’atteindre mon objectif. Celui de présenter ma start-up et l’occasion d’affaires à laquelle elle s’attaque… tout en évitant d’être trop ennuyant.
C’était drôle de me retrouver sur la scène moi qui, dans mon ancienne vie de journaliste, ai assisté à un nombre incalculable de présentations de jeunes pousses. Ces dernières années, j’ai aussi souvent assisté à ce type d’événements en tant que jury. Je peux vous dire que c’est pas mal plus facile (et amusant) d’être le méchant dans un jury que d’aller au bâton pour vendre sa start-up.
Malgré tout, s’il y a une chose que j’ai apprise en assistant à trop de Demo Day, c’est que des présentations de 5 minutes qui se succèdent, ça devient vite soporifique. Même qu’une personne qui ne prend pas de notes finit par ne se souvenir que de trois ou quatre des 10, 15 ou 20 présentations qui se sont succédées durant une soirée.
Les autres présentations ne sont pas forcément mauvaises, mais elles ne se démarquent pas assez pour qu’on s’en souvienne. Aussi, une présentation qui ne se démarque pas, aussi bien ficelée soit-elle, n’a selon moi pas vraiment de valeur.
Si vous avez une belle voix, pourquoi ne pas chanter votre slogan au début. Vous pouvez être sûr que les gens vont arrêter de regarder leur téléphone et porter attention. Longtemps après votre pitch, ils vont se souvenir de vous comme du gars ou de la fille qui avait chanté son slogan.
N’ayant pas d’inclination pour la chanson, j’ai plutôt fait le pari d’expliquer la mission de Hardbacon par l’entremise d’une histoire personnelle. J’ai raconté que, quand j’avais 18 ans, je voulais investir en Bourse avec mes économies de 1000$, mais que ma banque m’avait fait comprendre que ce n’était pas assez d’argent. Dans l’esprit de bien de ceux qui ne me connaissaient pas ce soir-là, je suis devenu «le gars qui voulait investir 1000$ en Bourse à 18 ans», ce qui est une étiquette beaucoup plus facile à retenir que «le gars qui veut démocratiser le système financier».
Ça, ou ils se souvenaient de moi à cause du slogan sulfureux de Hardbacon, avec lequel j’ai fini ma présentation. Si je ne le mentionne pas ici, c’est que je ne suis pas sûr que mes anciens patrons de Les Affaires apprécieraient.
Cela dit, livrer un pitch est beaucoup plus difficile que ça en a l’air, car se faire remarquer ne suffit pas. Il faut être capable d’expliquer ce qu’on fait assez précisément, en apportant plus de réponses que de questions à l’auditoire. Pour y arriver, il faut livrer sa présentation à plusieurs reprises, obtenir de la rétroaction et revenir à la planche à dessin.
Personnellement, j’ai eu la chance d’avoir de la rétroaction lors de séances organisées chaque semaine par District 3 et Finance Montréal au courant des deux derniers mois. Ces séances m’ont beaucoup aidé, et j’aurais été mieux préparé si j’avais pris le temps de retravailler sérieusement ma présentation chaque semaine.
J’ai fini par le faire quelques jours avant ma présentation au Forum Fintech. J’ai alors pris le temps d’enregistrer mon pitch, puis de transcrire, mot pour mot, mon laïus improvisé dans un tableur Excel. Le texte était un peu maladroit, mais il avait l’avantage de refléter la manière dont je m’exprime normalement. C’est super important, car si j’avais l’air de réciter un texte, aussi élégant soit-il, je pourrais être perçu comme quelqu’un qui manque d’authenticité. Et mon objectif était justement l’inverse.
J’ai ensuite modifié mon pitch, ligne par ligne, en m’assurant de répéter de vive voix chaque phrase modifiée. Si ça ne sortait pas naturellement de ma bouche, je revenais à l’ancienne version, car je ne voulais pas risquer de trébucher sur ce passage, ou pire, d’avoir l’air de réciter mon texte. C’est donc ce que j’ai fait, en tentant d’intégrer tous les rétroactions obtenues au cours des séances de pitch organisées précédemment, et des conseils d’Alexandre Shee, de Real Ventures, qui a accepté de me coacher à la dernière minute.
Mardi matin, après avoir répété ma présentation plusieurs fois, tout seul et devant mon équipe, je ne savais toujours pas mon texte par coeur, mais j’arrivais à faire ma présentation sans trop de faux pas, et ce, en 5m30, soit à peine 30 secondes de trop. J’étais satisfait. L’important était désormais de ne pas stresser. J’ai donc évité le Red Bull ce jour là.
Je n’ai finalement pas gagné la compétition. C’est Tim Nixon de Payment Rails qui a remporté les honneurs. Et il le méritait. Sa start-up existe depuis plus d’un an, il a développé une plateforme de paiement impressionnante et sa présentation était très bien rodée. Cela dit, j’étais très satisfait. Mon objectif était de présenter Hardbacon devant une audience composée de professionnels de la finance, et j’y suis parvenu. Si vous êtes curieux, vous pouvez visionner ma présentation ci-dessous. Et oui, elle dure 6 minutes et je n’ai pas pour autant été éjectée de la scène.
Principales réalisations:
- Pitch devant le Forum Fintech
- Première rencontre avec une mentor du réseau M
- Lancement de la boussole de l’investisseur de Hardbacon
- Planification de notre future campagne de sociofinancement
Mesures de croissance:
- Revenu: 100$ (total: 1500$, croissance: 7%)
- Nouveaux abonnés à l’infolettre : 119 (total: 2556, croissance hebdo: 5%)
- Nouveaux abonnés sur Snapchat : 9 (total 133, croissance hebdo: 8%)
- Nouveaux abonnés sur Instagram : 42 (total: 546, croissance hebdo: 8%)
- Nouveaux J’aime sur Facebook : 46 (total: 1801, croissance hebdo:3%)