BLOGUE. La bourse canadienne Alpha a dévoilé jeudi un « Livre blanc » renfermant plusieurs pistes pour faciliter le financement du secteur des TI au Canada. Le document s’articule autour de cinq propositions principales qui rivalisent d’ambition entre elles. La légalisation mur à mur du crowdfunding, la création d’un marché secondaire comme SecondMarket et une bourse techno sont entre autres au programme.
1. La bourse Alpha veut devenir le Nasdaq du Nord
Le document de la bourse Alpha se penche sur le Nasdaq, la bourse américaine où la plupart des géants technos sont inscrits, de Google à Facebook en passant par Amazon. Pour justifier le besoin d’une bourse canadienne à saveur techno, la bourse Alpha invoque le cas de l’éditeur de logiciel canadien Open Text, qui a fait son introduction en bourse au Nasdaq plutôt qu’au TSX.
Plus concrètement, le document fait valoir qu’une bourse spécialisée est mieux placée pour comprendre les besoins particuliers des entreprises technologiques. De plus, le document explique qu’au Canada, le manque de liquidité des titres technologiques est un frein à leur croissance. Par conséquent, une bourse technologique pourrait mettre en place une technologie de maintien de marché de manière à favoriser une liquidité accrue.
Et qui serait cet éventuel Nasdaq canadien ? Vous l’avez deviné; il s’agit de la bourse Alpha, qui se considère comme la bourse canadienne comprenant le mieux les technos.
2. Mettre sur pied un marché secondaire canadien
Les marchés secondaires sont sortis de l’obscurité au courant des dernières années en grande partie grâce à Facebook. En effet, la demande pour les actions de Facebook sur SecondMarket et SharePost a permis à ces marchés de prendre de l’ampleur. Depuis sa fondation en 2008, les transactions privées réalisées sur Second Market totaliseraient un milliard de dollars.
Dans une start-up, les employés acceptent de travailler pour des salaires moindres en raison des actions et des options qui leur sont accordées. Traditionnellement, ce n’est que lors d’un appel à l’épargne public ou d’une vente de l’entreprise que les employés et les investisseurs peuvent vendre leurs actions. Grâce aux marchés secondaires, ces derniers peuvent vendre leurs actions plus tôt et les entreprises comme Facebook peuvent attendre davantage avant de devenir publiques.
Selon le document, un tel marché au Canada permettrait d’éviter que certaines entreprises à fort potentiel acceptent une offre d’achat étrangère en raison de la pression de ses employés ou de ses investisseurs. La bourse Alpha, qui a tout intérêt à ce que ces entreprises optent éventuellement pour un appel à l’épargne public au Canada, s’engage à supporter la mise sur pied d’un marché secondaire au pays.
3. Légaliser le crowdfunding dans la foulée du JOBS Act
Le crowdfunding a le vent dans les voiles cette année. Toutefois, au Québec, on a surtout parlé du crowdfunding utilisé pour financer des projets grâce à un mécanisme de pré-achat. Il s’agit du modèle de l’Américaine Kickstarter, qu’ont aussi adopté quelques start-ups québécoises. Cette approche est légale au Canada.
La forme de crowdfunding mise de l’avant par la bourse Alpha permettrait à des entreprises de proposer leurs actions sur des sites Internet tels que Crowdcube, en Angleterre. Au Canada, les différents cadres législatifs sur les valeurs mobilières empêchent toute initiative similaire de voir le jour.
Aux États-Unis, cette dernière approche est légale depuis la sanction du JOBS Act le 25 avril dernier. Le document de la bourse Alpha propose aux législateurs canadiens de suivre l’exemple des États-Unis et d’adopter une loi légalisant la pratique tout en l'encadrant. Par exemple, le montant maximal qu’un investisseur au détail pourrait allonger pour acheter des actions d’entreprises privées pourrait être limité à 25 000 $ ou 25 % de ses revenus annuels.
4. Un crédit d’impôt pour les anges financiers
Cette piste s’inspire d’une politique déjà en vigueur en Colombie-Britannique, où les anges financiers bénéficient d’un crédit d’impôt de 30 % sur leurs investissements. La politique aurait eu pour effet d’augmenter leurs investissements d’entre 50 et 70 %. Par conséquent, le document propose d’offrir des crédits d’impôt similaires ailleurs au Canada.
5. Bâtir un écosystème entrepreunarial dynamique
La piste la moins concrète du rapport consiste à créer des liens entre les start-ups, les investisseurs et les employés qualifiés. Pour ce faire, le document de la bourse Alpha propose la création d’une banque de données nationale des anges financiers, des incubateurs et des entrepreneurs du secteur technologique. La bourse Alpha se propose également de former un réseau d’entrepreneurs, d’investisseurs et de conseillers pour favoriser les rencontres.