Blockbuster, qui survit grâce à la protection de la loi américaine sur les faillites depuis le 23 mars dernier, a fait l’objet de plusieurs offres d’achat qui valoriserait l’entreprise à au moins 290 millions de dollars américains. Et cette nouvelle, rapportée aujourd’hui par le Wall Street Journal, n’a rien d’un poisson d’avril. Plusieurs acheteurs se battent réellement pour mettre la main sur la plus grande chaîne de clubs vidéo aux États-Unis, où elle exploite encore plus de 3 000 points de vente.
À première vue, on pourrait croire que ces entreprises voient dans Blockbuster une opportunité de récupérer des baux avantageux pour étendre leurs activités de détail ou de se doter d’un réseau de distribution national. On pourrait également conclure que l’entreprise dispose de quelque actif stratégique insoupçonnable. Or, à la lumière de l’identité des repreneurs, on est forcé de conclure que ces derniers veulent véritablement relancer ce dinosaure qui loue des produits numériques… sur des supports physiques.
Parmi les acheteurs potentiels, figurent l’investisseur milliardaire Carl Icahn et le fournisseur de télévision par satellite Dish Network. Ni l’un ni l’autre n’a un accès privilégié à une famille de produits qui pourraient remplacer les DVD et les Blu-ray proposés par le détaillant.
Les problèmes de Blockbuster ne se limitent pas au fait que le marché de la location physique de films et de jeux est appelé à disparaître dans un avenir rapproché. L’entreprise, dont le principal actif est sans aucun doute la marque, l’a accordé sous licence dans la seule niche de son marché, excepté la location en ligne, qui soit en croissance. En effet, les quelques 8 000 guichets de locations automatisés Blockbuster Express kiosques sont exploités sous licence par NCR Corp., qui compte d’ailleurs implanter 3000 nouveaux guichets d’ici la fin de l’année.
Sur Internet, où la marque Blockbuster pourrait avoir une certaine valeur, l’entreprise accuse un retard difficile à combler face à de robustes concurrents. D’abord, il y a Netflix, dont les forfaits d’abonnement permettent aux utilisateurs de louer en ligne autant de films qu’ils le souhaitent. Ses abonnements sont d’ailleurs très populaires aux États-Unis… et, de plus en plus, au Canada, où l’entreprise a lancé son service en septembre 2010.
Les autres joueurs au niveau de la location en ligne sont des entreprises aux ressources financières et techniques presque illimités. Notamment, mentionnons le plus important détaillant en ligne au monde, Amazon, dont le service Amazon Instant Video est aussi bien disponible sous forme d’abonnement qu’à la carte, Google, dont le site de partage de vidéos YouTube offre déjà plusieurs films gratuits et à faibles coûts et Apple, dont la boutique iTunes conjuguée au Apple TV lui offre un avantage concurrentiel certain. Même Facebook, où Warner Bros a commencé à louer des films en échange de crédits Facebook, pourrait éventuellement investir ce marché...
Du côté des jeux vidéo, les trois principales consoles de salon peuvent se connecter sur les réseaux WiFi et permettent aux joueurs d’acheter des jeux en ligne. Seule la proportion importante de joueurs de moins de 18 ans, qui n’ont ainsi pas de carte de crédit, a jusqu’à maintenant limité les dégâts chez les détaillants physiques.
Plus près de nous, Blockbuster Canada continue à fonctionner comme si de rien n’était. Pendant ce temps, Vidéotron continue sa transformation, en implantant dans ses succursales des points de vente de téléphones cellulaires et des comptoirs de sa bannière Microplay, spécialisée dans les jeux vidéo.
Bref, que Blockbuster soit aussi convoité paraît improbable, mais n’est pas assez amusant pour être un poisson d’avril… contrairement au tout nouveau Gmail Motion, par exemple.