BLOGUE. En proposant de faire l'acquisition de Best Buy, son fondateur Richard Schulze croit être en mesure de relever l’immense défi auquel doit faire face le géant du détail : la concurrence d’Amazon. Les investisseurs, quant à eux, n’y croient pas trop, si on en juge par la différence entre la prime associée à l'offre d'achat de Schulze (47 %) et la hausse du titre (13%). Dans les faits, la concrétisation de cette transaction serait étonnante et la revitalisation de Best Buy le serait encore plus.
Comme Barnes & Noble, Best Buy est une grande chaîne dont la gamme de produits est offerte à moindres coûts par Amazon. En effet, une étude comparative de Barclays basée sur 100 produits a révélé que 54 % d’entre eux étaient moins chers sur Amazon que chez Best Buy.
Ainsi, de la même manière que les consommateurs vont bouquiner chez Barnes & Noble avant de commander les livres de leur choix sur Amazon, ils se vont essayer leur prochain ordinateur chez Best-Buy avant de l’acheter en ligne... sur le site Internet du même concurrent.
De manière à relever le défi posé par Amazon, Barnes & Noble tente tant bien que mal de concurrencer Amazon sur son propre terrain, avec son offre de livres numériques et sa propre gamme de lecteurs, les Nook. Ces derniers connaissent un certain succès aux États-Unis, si bien que la division qui chapeaute les activités liées aux Nook a été valorisée à 1,7 milliard par un investissement de Microsoft. La totalité de l’entreprise est quant à elle valorisée à 850 millions de dollars. En d’autres mots, les investisseurs accordent une valeur négative aux librairies de l’entreprise. Qui plus est, la division responsable des Nook est déficitaire en raison des investissements qu’elle nécessite.
Le seul espoir de Best Buy n’est pas de lancer un lecteur numérique, mais de concurrencer le site Internet d’Amazon lui-même. Déjà, l’entreprise s’efforce de diminuer les délais de livraison et d’augmenter sa gamme de produits de manière à devenir un détaillant en ligne généraliste.
De manière à offrir le cocktail de bas prix et de technologies qui fait son succès, Amazon investit massivement, si bien que ses profits nets sont infimes. Du reste, Amazon peut émettre des actions pour financer ses investissements… lesquelles sont très en demande. Pour espérer concurrencer Amazon sur un pied d’égalité aux États-Unis, Best Buy devrait au moins être en mesure d’accoter ses investissements... puisque l’entreprise a du rattrapage à faire.
La privatisation de Best Buy telle que proposée par Richard Schulze augmenterait le ratio d’endettement de l’entreprise, tout en l’empêchant de se financer sur les marchés publics. Et c’est dans ce contexte financier que Richard Schulze croit pouvoir battre Amazon à son propre jeu. Un pari perdu d’avance?