Microsoft a incontestablement payé trop cher en faisant l’acquisition du service gratuit de téléphonie et de vidéoconférence Skype au coût de 8,5 milliards de dollars américains, comme le souligne Bernard Mooney. Selon une source anonyme de TechCrunch Europe, Microsoft aurait payé quelque 4,5 milliards trop cher, puisque le seul autre acheteur potentiel, Google, n’aurait offert que 4 milliards pour le service.
Néanmoins, Microsoft démontre par cette acquisition qu’elle souhaite bâtir son avenir autour de sa division la plus jeune et la plus dynamique : Xbox. Cette dernière est d’ailleurs à l’origine du Kinect, un capteur de mouvements complémentaire à la Xbox, qui détient le record Guinness du produit électronique qui s’est vendu le plus rapidement. En vendant 8 millions d’exemplaires du Kinect au courant des 60 jours qui ont suivi son lancement, Microsoft établissait un record dont aucune des versions du iPhone ou du iPad d’Apple ne s’est rapprochée.
Skype comptant peu d’entreprises parmi ses 170 millions d'utilisateurs actifs, les synergies du service seront plus fortes avec les produits grands publics de Microsoft. Ainsi, l’intégration de Skype à la console Xbox, lorsqu’équipée d’un Kinect, permettra à la console de supporter la vidéoconférence. Le second produit de Microsoft auquel l’intégration de Skype va de soi est le système d’exploitation mobile Windows Phone 7, dont l’avenir repose indirectement sur l’attrait de la marque Xbox. En effet, le principal atout du système d’exploitation mobile de Microsoft, qui a reçu un accueil mitigé, est de disposer d’une version mobile de Xbox Live, le service de vente de jeux en lignes et de socialisation associé au Xbox.
Si certains doutent que Microsoft ait fait l’acquisition de Skype pour mieux se positionner sur le marché grand public, leurs doutes se dissiperont en procédant à la lecture de ce courriel qu’a adressé le PDG de Microsoft, Steve Ballmer, à ses employés. Les deux premiers produits qu’il mentionne sont la Xbox et Windows Phone 7. Le PDG mentionne également un produit essentiellement destiné aux entreprises, comme la suite de communications unifiées Microsoft Lync ou encore son populaire logiciel de courriel Outlook. Et, à n’en pas douter, Microsoft ouvrira des portes à Skype sur le marché des entreprises, mais cette synergie n’est pas celle qui a motivé la coûteuse transaction.
Déjà présente dans des millions de salons à travers le monde, la console Xbox est bien positionnée dans un contexte de dématérialisation des contenus et de déclin de la télévision traditionnelle. Déjà, les propriétaires de Xbox utilisent notamment la console pour visionner la programmation de Netflix et pour naviguer sur Internet. Bref, Microsoft, dont le titre fait du surplace depuis quelques années, est consciente que ses vaches à lait, dont le système d’exploitation Windows, la suite Office et ses autres logiciels destinés aux entreprises, ne pourront plus lui permettre de croître à un rythme satisfaisant pour les marchés. Le géant du logiciel fait donc le pari risqué de miser sur les ventes aux consommateurs pour continuer à croître… une stratégie qui s’est révélée payante pour Apple, qui a détrôné Microsoft tant en terme de capitalisation boursière que de profits générés.