S'il y a bien une chose qui soit sûre au sujet des jeunes du millénaire, nés entre 1982 et 2000, c'est qu'ils nous réservent beaucoup de surprises.
Qu'on se le dise d'abord, certains d'entre eux en ont royalement marre qu'on les appelle des milléniaux. Il faut dire que le terme charrie une panoplie de qualificatifs peu flatteurs : infidèles, paresseux, égocentriques, impatients, dépendants à leur téléphone cellulaire, accrochés aux basques de leurs parents... Voilà un portrait qui me donne soudain moins envie d'être 10 ans plus jeune.
Sauf que l'étiquette est trompeuse et oblitère toutes les nuances : les jeunes Québécois interrogés dans le cadre de l'étude exclusive Léger-Alia Conseil-Les Affaires, en manchette cette semaine, se révèlent sous un tout autre jour. Ils sont loyaux, ambitieux et créatifs. Nombreux sont les représentants de cette génération Y, comme on l'appelle aussi, qui se distinguent par leur aisance et leur appétit à utiliser les technologies, par leur capacité à naviguer dans la complexité et... par leur esprit entrepreneurial. Ce sont des faiseurs. Du moins, c'est ce que je croyais...
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J'en voulais pour preuve ces statistiques tirées du dernier indice entrepreneurial de la Fondation de l'entrepreneurship : les 18-25 ans sont de loin les plus enclins à se lancer en affaires (36,6 % disent en avoir l'intention) et ils présentent aussi la plus forte proportion d'entrepreneurs en démarche (13,9 %).
Or, selon une analyse publiée en février par la Small Business Administration aux États-Unis, la génération Y s'annoncerait comme la moins entrepreneuriale de l'histoire récente. «Les succès entrepreneuriaux de certains milléniaux [comme Mark Zuckerberg] et la prolifération de programmes destinés à reproduire ce succès [incubateurs et accélérateurs] donnent l'impression que, parmi cette génération, l'entrepreneuriat est florissant, indique-t-on. Pourtant, en 2014, moins de 2 % des milléniaux se disaient leur propre patron, comparativement à 7,6 % des membres de la génération X et à 8,3 % chez les baby-boomers.»
Cherchez l'erreur... Comment la combinaison d'inspiration et de mentorat ne parvient-elle pas à donner la piqûre à plus de jeunes gens ?
On ne perd rien pour attendre, selon une réplique de la fondation Ewing Marion Kauffman. Le groupe de réflexion américain souligne que les barrières à la création d'entreprises continuent de tomber, que la robotique et l'intelligence artificielle ouvrent de nouveaux horizons, que les cours universitaires en entrepreneuriat sont passés de 250 en 1985 à 5 000 en 2008... et que, surtout, l'âge d'or pour se lancer en affaires, c'est la quarantaine.
Pour les plus âgés des milléniaux, ce sera dans 6 ans. Tic-tac, tic-tac...
Julie Cailliau
Rédactrice en chef
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