Investir par soi-même peut être un choix judicieux, mais ça requiert un bon niveau de compréhension de certains principes de gestion de portefeuille, autrement les économies de frais ne se traduiront pas par un rendement plus élevé.
Plusieurs investisseurs ont fait le choix d’abandonner un portefeuille de fonds communs pour économiser en frais de gestion et ont choisi d’investir dans un portefeuille d’actions qu’ils connaissent bien comme les banques, Bombardier, Couche-Tard, MTY et autres sociétés québécoises bien connues. Les problèmes les plus fréquents de ce type de portefeuille sont le manque flagrant de diversification, le peu d’allocation en actions étrangères et une allocation minime en titres à revenu fixe. Ce type de portefeuille est alors très risqué et ne se traduira pas nécessairement par un rendement plus élevé à long terme.
D’autres investisseurs ont choisi d’utiliser des fonds négociés bourse (FNB). Les frais de gestion sont alors bien moins élevés qu’avec un portefeuille comparable de fonds communs et le potentiel de bien diversifier son portefeuille est évident. Quel est le hic? Les détails! Dans la mise en place d’un portefeuille de FNB, il y a une multitude de détails qui affecteront le rendement à long terme. Évidemment, le choix de l’allocation d’actif, mais aussi le type de FNB sélectionné (actif, passif ou qui suit un indice maison), les frais de transaction, la fiscalité, la fréquence de rééquilibrage, les frais de conversion de devise, pour n’en nommer que quelques-uns. Voici 2 pièges à éviter.
Piège #1 : Les frais cachés de transactions
Certains courtiers à escompte offrent des transactions gratuites sur les FNB, mais ça ne veut pas dire que ça ne coute rien pour transiger. L’écart entre le cours acheteur et vendeur peut représenter un coût bien plus important que le 10$ d’économie en frais de transaction. Faites le calcul. Un écart de 2c pour une transaction de 10000$ constituée de 1000 actions à 10$ chacune représente une valeur de 20$, soit un coût de 10$ si la juste valeur du FNB se trouve au point milieu entre le cours acheteur et le cours vendeur. Toute transaction avec plus d’actions augmentera le coût implicite de cette transaction. Cet effet est aussi décuplé pour certains FNB dont les actifs sous-jacents sont moins liquides et où les écarts entre le cours acheteur et vendeur est plus important.
Enfin, les transactions gratuites incitent parfois les investisseurs à transiger plus souvent, ce qui est rarement une bonne approche. Pour les portefeuilles de plus de 50000$, ces frais de transactions cachés peuvent être substantiels et avoir un impact sur le rendement à long terme du portefeuille.
Piège #2 : La fiscalité
La fiscalité est aussi très importante. Les FNB ne devraient pas être les mêmes dans tous les types de comptes. Par exemple, un FNB d’obligation peut offrir, en fonction de l’évolution des taux d’intérêt, un rendement espéré négatif après impôt dans un compte non enregistré (voir cet article ou ce billet), alors que les retenues fiscales sur les dividendes étrangers n’ont pas le même impact pour tous les types de comptes (REER vs CELI VS compte comptant), selon le type de FNB détenu. Certains FNB permettent de limiter l’impact de la fiscalité, mais peuvent par le fait même incorporer d’autres types de risques comme celui de ne pas détenir physiquement les titres sous-jacents ou être sujet à des changements dans les règles fiscales.
Bref, il y a plusieurs éléments à considérer avant de penser qu’un portefeuille géré soi-même pourra combler vos attentes. C’est certainement possible, mais pas si simple. Si vous gérez vous-même votre portefeuille avec des FNB et ne connaissiez pas ces 2 pièges, c’est peut-être signe que votre portefeuille n’est pas optimal et que vous laissez les courtiers à escompte (piège #1) ou les gouvernements (piège #2) s’enrichir à votre place.
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