C'est l'histoire d'un employé qui est à bout de souffle. Il cherche ce fameux équilibre. Vous savez, celui qui nous permet de travailler, d'avoir une vie personnelle et d'être heureux. Mais il ne le trouve pas. Son horaire de travail - de 9 à 5 - ne lui convient plus. Il veut que ça change. Il s'interroge : «Quelle serait la meilleure formule ? Travailler de chez moi ? Compresser mes heures pour être libre le vendredi ? Et pourquoi ne pas réduire mon temps de travail en partageant mon poste avec une autre personne ?» L'employé réfléchit, arrête son choix, puis remplit un formulaire qu'il envoie à son employeur. Celui-ci a trois mois pour lui répondre. S'il accepte, c'est merveilleux. S'il refuse - et il en a le droit selon certains critères précis -, l'employé peut se tourner vers les tribunaux.
Ce scénario n'a rien d'une fiction. Depuis le 30 juin, tous les Britanniques qui travaillent depuis 26 semaines au sein d'une même entreprise peuvent remplir ce formulaire. Une loi leur donne le droit de réclamer un régime d'horaire flexible. Innovant, n'est-ce pas ?
La formule de la Grande-Bretagne a de quoi séduire. Elle peut être perçue par les employeurs comme un moyen de fidéliser leurs employés. Offrir des horaires flexibles est un plus quand vient le moment d'embaucher. C'est même une question de réputation. En 2014, celles qui n'offrent pas d'horaires flexibles peuvent vite être reléguées dans la catégorie des entreprises vieillottes, dépassées.
De son côté, le gouvernement britannique fait le pari que cette mesure aidera le marché de l'emploi. Sur ce point, ça reste à voir. L'idée consiste à croire que, si un employé réduit ses heures de travail, cela permettra à un autre de travailler. En théorie, c'est vrai. Dans la vraie vie, c'est une autre histoire. Qui peut se permettre de réduire son salaire tout en continuant de payer son hypothèque, son épicerie ? La réponse est simple : seulement les familles les mieux nanties. Et cette solution n'est pas forcément avantageuse pour les employeurs qui doivent composer avec un nombre accru d'employés pour les mêmes tâches et de sacrées charges sociales.
Il faut plutôt viser le fait que des employés bénéficiant d'horaires plus flexibles sont plus heureux et donc plus productifs. Et une entreprise plus productive est en meilleure position pour embaucher. Enfin, n'oublions pas que nos employés et notre marque sont de précieux actifs. Comme disait Henry Ford, «deux choses n'apparaissent pas au bilan de l'entreprise : la réputation et les hommes.» Bonne fête du Travail !
Géraldine Martin
Éditrice adjointe et rédactrice en chef,
Groupe Les Affaires
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