Vous connaissez peut-être mon opinion sur le sujet. J'ai déjà écrit dans ces pages qu'il y a sans doute un peu trop de réseaux de femmes d'affaires. Il me semble même qu'on commence à s'y perdre... En plus des grands réseaux québécois, il y a les réseaux canadiens, les réseaux internationaux, les réseaux par métier, les réseaux par industrie, les réseaux par ville, par région, sans compter les réseaux dans les entreprises. Ouf, ça fait beaucoup de 5 à 7 !
Cela dit, si ces réseaux se multiplient, c'est qu'il y a des femmes qui y trouvent un intérêt. Et si celles-ci y trouvent un intérêt, le réseau, qu'il soit petit ou grand, a sa raison d'être.
J'ai eu l'occasion de réfléchir au sujet lors du Women's Forum en France. Cet événement, qui fêtait son 10e anniversaire cette année, est encore appelé le Davos des femmes. J'y ai rencontré des femmes exceptionnelles. Il y en avait 1 300 qui provenaient de partout dans le monde. Et je dois vous avouer qu'après trois jours, j'étais complètement séduite par la formule. Oui, oui, moi qui disais qu'il y avait trop de réseaux de femmes... Il se passe quelque chose d'unique dans ce genre d'événement. C'est simple. Le réseautage prend une autre dimension. La timidité n'existe plus. Les barrières tombent. Place à la désinhibition totale ! Les discussions décollent au quart de tour. Bref, je n'ai jamais vu autant de cartes d'affaires s'échanger... jusque dans la salle de bain, qui devient un véritable bureau ! Cette frénésie sociale - particulièrement marquée lors de ce forum - se retrouve dans tous les événements de femmes auxquels j'ai pu assister.
Une question maintenant : pourquoi faut-il se retrouver entre femmes pour montrer une telle assurance ? Pourquoi, dès qu'il y a des hommes, les femmes ne sont-elles pas en mesure d'adopter cette attitude confiante de conquérante ? C'est d'ailleurs sur ce thème de la confiance que Christine Lagarde, présidente du Fonds monétaire international, a interpelé les femmes au Women's Forum. «Les femmes doivent intimement comprendre le fait qu'elles représentent un potentiel économique, qu'elles ont un actif et qu'elles offrent de la valeur pour leur entreprise.» Une fois qu'elles auront compris cela, elles seront assez fortes pour aller plus loin et ne pas se sentir intimidées, a-t-elle expliqué. Mesdames, réseauter entre femmes, c'est très bien. Réseauter avec les femmes et les hommes, c'est encore mieux. En passant, ce sont les hommes qu'il faut convaincre. Sur les 500 plus grandes entreprises américaines du palmarès Global 500 de Fortune, je vous rappelle que, parmi les dirigeants, 26 seulement sont des femmes. Les hommes sont encore 474.
Géraldine Martin
Éditrice adjointe et rédactrice en chef,
Groupe Les Affaires
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