Depuis le début de l'année, il est interdit de fabriquer et d'importer des ampoules incandescentes de 40 ou de 60 watts (W) aux États-Unis. C'est encore possible pour un an au Canada, mais ce ne le sera plus après le 31 décembre. L'occasion de faire un investissement de 100 W ?
C'est une ligne d'un commentaire de la lettre financière Motley Fool qui a attiré notre attention sur la situation. Selon la National Electrical Manufacturers Association (NEMA), les ampoules électriques incandescentes ont représenté 75 % des ventes d'éclairage en 2013.
Vous avez bien lu, 75 % des ventes aux États-Unis. C'est dire que tout un marché se libère pour les produits de substitution. Un marché qui devrait en outre encore s'agrandir dans les prochaines années, lorsque le Canada et quelques autres juridictions emboîteront le pas aux États-Unis et à l'Europe.
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La plupart des pays ont déjà banni l'ampoule incandescente de 100 W (le Canada le fait cette année), mais on arrive maintenant au dernier stade d'un bannissement qui s'étendra bientôt sur tout le spectre de puissance, et un peu partout dans le monde.
La raison est simple : l'ampoule incandescente ne convertit en lumière que 5 % de l'énergie qu'on lui envoie. C'est un énorme gaspillage d'énergie. En 2007, les États-Unis ont commencé à agir pour diminuer leur dépendance énergétique au pétrole et au gaz (avec lesquels ils produisaient de l'électricité). Ici, on a surtout choisi de bouger pour diminuer les émissions de CO2. Quoi qu'il en soit, le résultat est le même.
Quels sont les produits de substitution ?
Il y a quelques options, mais la plupart des experts s'entendent pour dire que l'affaire se jouera entre l'ampoule fluocompacte et l'ampoule à diode électroluminescente (DEL). La première coûte de 1 $ à 3 $ US, la seconde, un peu moins de 10 $ US. La seconde obtient cependant de plus en plus de subventions du programme Energy Star, ce qui en fait baisser le prix pour le consommateur. C'est la seconde qui, avec le temps, devrait remporter le combat. Elle est plus chère à l'achat, mais son prix devrait continuer de baisser à l'avenir. L'ampoule à DEL a une durée de vie de plus du double de celle de sa concurrente (25 000 heures par rapport à 12 000), elle consomme moins d'électricité (9,3 W par rapport à 15 W) et, contrairement à sa rivale, elle ne contient pas de mercure (ce qui pourrait un jour conduire au bannissement de la fluocompacte).
Même si le prix de l'ampoule à diode n'est pas encore concurrentiel dans tous les États (tous n'ont pas encore adopté des législations «Energy Star» qui forcent les économies d'énergie), Canaccord Genuity s'attend à une explosion de la demande dès cette année. L'analyste Jonathan Dorsheimer croit que le nombre d'unités vendues passera de 346 millions à 821 millions. Et ce n'est qu'un début. Au fur et à mesure que le prix de l'ampoule baissera, les volumes grimperont. Le pronostic est de 1,4 milliard d'unités vendues en 2015.
D'autres sources pointent aussi vers une même explosion dans le temps. En incluant tout ce qui brille (panneaux, appareils électroniques, etc.), la Deutsche Bank prévoit que le poids des diodes passera de 18 % à 66 % des ventes d'éclairage dans le monde d'ici 2020.
Quelles sociétés jouer ?
Quelles sociétés jouer?
C'est ici que ça se complique un peu. Il y en a quelques-unes, mais elles sont parfois cotées à l'étranger ou, encore, ont d'autres activités qui ne permettent pas de tirer pleinement profit du phénomène.
C'est notamment le cas de l'allemande Osram (OTC, OSAGF, 60,69 $ US). Sa division DEL est vouée à un grand avenir. Jusqu'à cette année toutefois, la société vendait encore pas mal d'ampoules incandescentes.
La société la plus intéressante est l'américaine CREE (CREE, 61,69 $ US). Ses revenus sont surtout liés aux ventes de diodes (panneaux publicitaires, affichage électronique), mais elle a aussi mis au point les ampoules DEL offrant le meilleur rapport qualité-prix. Celles-ci sont vendues exclusivement chez Home Depot jusqu'en avril. Elles devraient ensuite être offertes par d'autres détaillants.
Parfait, tout est réglé...
Pas tout à fait.
La difficulté est qu'à court terme, les ratios sont élevés. CREE se négocie à 25,8 fois le bénéfice prévu pour l'exercice se terminant en juin 2015 (dans un an et demi). À l'évidence, pas mal de croissance est déjà reflétée dans le cours du titre.
Jonathan Dorsheimer croit que le consensus sous-estime nettement les résultats à venir. Il attend, lui, un bénéfice qui variera de 2,50 $ US à 3 $ US par action. Ce qui, à son avis, poussera le titre à 80 $ US. Quelque chose nous dit que le pronostic finira par se matérialiser, mais sur un horizon plus lointain. L'ampoule DEL doit encore baisser de prix avant qu'elle ne devienne suffisamment concurrentielle avec la fluocompacte.
Le risque de recul semble limité et d'une ampleur contenue, mais le potentiel de hausse pour la prochaine année aussi. À long terme, le rendement du titre pourrait être étincelant, mais il ne se construira pas à la vitesse de la lumière.
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