BLOGUE. Le manque à gagner du gouvernement du Québec pour atteindre sa cible budgétaire d'ici le mois de mars est finalement de 1,6 G$. "Et nous atteindrons cette cible", a dit vendredi le ministre des finances, Nicolas Marceau. Attachez votre tuque, ça risque de socialement grincer dans les prochains mois.
On ne fait pas de politique, mais disons-le, il est dommage que le gouvernement précédent n'ait pas tenu plus en brides les dépenses publiques depuis le début de l'année. La campagne électorale n'a pas aidé aux livres de l'État.
Essentiellement, les dépenses sont plus élevées de 1,1 G$ que ce qui était prévu, et il manque 500 M$ parce que les revenus ne sont pas au rendez-vous.
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Comment va-t-on faire pour ne pas rater la cible budgétaire?
Le gouvernement espère toujours atteindre son objectif de dépenses et a indiqué à ses ministères qu'ils allaient devoir atteindre la cible de croissance de 2%. C'est toute une commande. Pour mettre un peu de perspective, Québec prévoyait que ses dépenses de programmes grimperaient de 1,3G$ cette année. Elles dépassent maintenant cette cible de 1,1 G$. C'est dire que l'on assiste à un dépassement de coûts de 84,5% qu'il faut résorber sur six mois. Vu autrement, il faut presque faire dans les prochains six mois l'équivalent de toutes les compressions que l'on pensait faire l'an prochain!
Et cela, sans faire de mises à pied. Le ministre responsable du Conseil du trésor, Stéphane Tremblay, a bien précisé qu'il n'y avait pas d'économies à faire avec des mises à pied (en raison des indemnités de départ).
Dans le contexte, les enveloppes de certains programmes de subventions ou d'aide nous apparaissent être à risque de fortes attritions. C'est pour cela que l'on dit que ça risque de chauffer socialement.
Il n'apparaît pas une exagération de dire que le gouvernement aurait besoin de Tom Cruise. On n'est en fait pas loin du seuil d'intervention de l'équipe de Mission impossible.
Et le manque à gagner sur les revenus?
Et le manque à gagner sur les revenus?
Ce n'est pas simple ici non plus. On peut déjà utiliser la provision pour éventualités de 300 M$, ce qui veut dire que le manque à gagner de ce côté peut être vu, non pas comme étant de 500 M$, mais de 200 M$.
Le ministre Marceau a indiqué que les dépenses sur les intérêts de la dette étaient moindres que prévu, ce qui permettrait de récupérer un peu d'argent. Il a aussi fait allusion à la possibilité d'intensifier les activités de lutte à l'évasion fiscale.
Va pour les économies sur la dette. On jugeait cependant déjà ambitieux les objectifs du gouvernement sur l'évasion fiscale. Il est loin d'être certain que l'on puisse ici aller chercher beaucoup plus.
Encore ici, donc, un peu de travail pour le MIT de monsieur Cruise.
La radiation de Gentilly 2
Un mot sur la radiation des activités de Gentilly 2, qui risque de faire parler, mais qui est beaucoup moins dommageable que ce à quoi on s'attendait.
Le montant à radier atteindra vraisemblablement 1,7 G$, ce qui viendra creuser encore davantage le déficit qui était prévu. Certains verront une cible budgétaire ratée. Ce n'est pas comme ça que le percevront les marchés financiers. Il s'agit d'une dépense qui ne reviendra pas dans les prochaines années et, surtout, qui est neutre pour la dette.
On redoutait il y a quelques jours que cette radiation ne vienne faire grimper la dette du gouvernement du Québec parce qu'Hydro ne pourrait pas lui envoyer autant de dividende.
Il ressort des explications du gouvernement que, parce qu'elle n'enverra pas autant de dividende (et que la majeure partie de la somme n'est qu'une écriture comptable), Hydro conservera plus de liquidités et n'aura pas à emprunter autant que prévu cette année. Ces emprunts projetés, qui se répercutaient dans la dette du Québec, ne s'y répercuteront donc pas.
Tant qu'à être entré dans le monde cinématographique, disons qu'il s'agit d' "Une lumière dans la nuit".
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