On les croit tantôt à maturité, tantôt au bord du gouffre. Pourtant, quelques mois en cale de reconstruction ont parfois des effets surprenants.
Y a-t-il sur le marché des sociétés en restructuration à surveiller ? Après avoir regardé à gauche et à droite, trois ont particulièrement retenu notre attention.
Canadien Pacifique (CP, 62,75 $)
C'est l'arrivée de Bill Ackman et de son fonds de couverture Pershing Square Capital Management, dans le Canadien Pacifique, qui nous a amené à nous intéresser au phénomène.
Évidemment, M. Ackman n'y prend pas une position de 12,2 % pour rien.
Ses passages chez McDonald's, Wendy's (l'essaimage de Tim Hortons), Sears Canada, J.C. Penney, Target, Borders et autres témoignent que ses séjours ne sont généralement pas tranquilles. Avec des résultats parfois assez extraordinaires (trois fois la mise avec Sears), parfois désastreux (perte totale du capital chez Borders).
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Quel est le plan pour le CP ?
Ce n'est pas très clair. Mais tout le monde voit à peu près la même chose.
Le ratio d'exploitation du transporteur (coûts d'exploitation par rapport aux revenus) est actuellement d'environ 75 %. Celui du CN, dans la basse fourchette des 60 %. C'est tout un écart, et M. Ackman semble y voir un important espace de création de valeur.
Peut-il réussir ? Très certainement. La question est plutôt à quelle vitesse et avec quelle ampleur. La direction du CP a déjà comme objectif de ramener le ratio vers les 70 % d'ici 3 ou 4 ans.
Si un tel ratio était atteint en 2014, l'action du CP vaudrait environ 72 $, calcule BMO Marchés des capitaux. C'est la marque à battre pour Bill Ackman.
Faire mieux ne sera pas facile. Valeurs mobilières TD fait remarquer que les coûts des régimes de retraite devraient atteindre un sommet de 125 M$ en 2013 ; ils étaient de 46 M$ en 2011. Une partie des gains en efficacité doit être obtenue en investissant dans les embranchements. Or, même si les capacités financières étaient illimitées, il est douteux que l'on pourrait accélérer la rentabilité à moyen terme, car les travaux consomment du temps de chemin de fer.
Résultat ? Le CP a du potentiel, mais à long terme. Il est douteux que M. Ackman puisse vraiment accélérer la rentabilité.
Canadian Satellite Radio (XSR, 3,15 $)
Canadian Satellite Radio (XSR, 3,15$)
Il s'agit en fait ici d'une restructuration d'industrie, celle de la radio satellite. Depuis juin, Sirius Canada et XM Canada ont fusionné leurs activités dans l'entité actuelle, qui a été recapitalisée.
La fusion survient quelques années après un regroupement similaire aux États-Unis, qui a donné des résultats remarquables. Le BAIIA (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement) américain était à - 136,3 M$ en 2008. En 2010, il était de 626,3 M$ US.
Il y a du levier à obtenir lorsqu'on combine ses réseaux de ventes. XM avait des ententes avec GM, Honda, Hyundai et Toyota ; Sirius, avec Ford, Chrysler, Volkswagen, BMW et Mercedes. Désormais, tout le monde offre le même produit.
Il y a aussi des synergies de coûts, évaluées à 40 M$.
Canaccord Genuity prévoit que le BAIIA passera de 19,5 M$ cette année à 72,1 M$ en 2014. RBC le prévoit à 75 M$. Les deux firmes entrevoient le titre à environ 4,50 $ d'ici un an. Le risque : il faudra voir les développements de la radio Internet dans les années qui viennent. Pour l'instant, l'histoire apparaît néanmoins intéressante.
Mega Brands (MB, 9,05 $)
Mega Brands (MB, 9,05$)
Mega Brands était à une certaine époque une société qui faisait flèche de tout bois grâce à ses jeux de blocs de construction pour enfant. Au milieu des années 2000, elle diversifia ses activités en achetant Rose Art, davantage active dans le matériel artistique. Cette société avait une collection de jouets magnétiques. Ce fut le début de la fin.
Un défaut de fabrication, décès d'un enfant, problèmes chez quelques autres. Les rappels se succédèrent, les poursuites se déposèrent, les détaillants perdirent confiance et l'espace sur les tablettes se mit à fondre. Vinrent les radiations et finalement la nécessité de s'entendre avec les créanciers et de recapitaliser.
Depuis, les choses semblent se replacer. Mega Brands a livré il y a quelques jours un huitième trimestre consécutif avec des résultats en progression. Les détaillants reprennent confiance, et les donneurs de licences aussi, comme en font foi de récentes ententes avec Microsoft et Electronic Arts.
Exploiter une entreprise de jouets n'est pas un jeu d'enfant, alors qu'il faut chaque année remplacer de 30 à 40 % des jeux de l'année précédente. Les quelques analystes qui suivent Mega Brands sont néanmoins assez optimistes, tandis qu'ils voient le bénéfice par action afficher une progression soutenue dans l'avenir et ont des cibles de 15 $ à 18 $.
Le CP est le pari le moins risqué, les deux autres sont plus spéculatifs.