BLOGUE-Les provinces canadiennes se sont montrées outrées ces derniers jours de la décision du fédéral d'arrimer ses transferts en santé à la croissance du PIB nominal à compter de 2017 (plancher à 3%). La décision du gouvernement Harper est la bonne et signale qu'il nous faut plutôt maintenant réfléchir sur les soins de fin de vie.
Les investissements du fédéral en santé grimpent depuis quelques années au rythme de 6% par année. Un rythme supérieur à l'évolution de l'économie canadienne (autour de 4%).
Cette situation est insoutenable dans un contexte où les états financiers du fédéral doivent impérativement sortir du rouge et éviter d'y replonger par la suite.
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La décision ne sera pas sans conséquence pour le gouvernement du Québec, qui a les mêmes objectifs de retour et de maintien de l'équilibre budgétaire, mais comptera sur moins de soutien.
L'ampleur du poste budgétaire de la santé (50 % du budget du Québec) et les pressions haussières qu'il subit est le principal casse-tête du ministre des finances du Québec. La province a l'an dernier réussi à contenir sa progression à 3,6%, mais il y a une forte impression qu'à ce niveau le système menace de craquer.
On peut évidemment songer à laisser grimper les dépenses et hausser les impôts pour compenser. Après deux hausses de TVQ et des augmentations de tarifs de toutes sortes (dont certaines sont encore à venir), l'alourdissement du fardeau fiscal n'est cependant pas une option très envisageable.
On peut aussi diminuer ailleurs pour réinvestir en santé. Une autre option peu envisageable. Il faut tout de même que les écoles continuent d'opérer, que les routes soient entretenues, que la culture rayonne un peu et que les forces de l'ordre soient maintenues. Même les plus populistes conviendront que la solution ne se trouve pas là. Les économies d'ailleurs sont insuffisantes.
Y a-t-il dans ce cas une solution?
Peut-être.
Dans les soins de fin de vie
En 2002, au terme d'une recension d'études, l'Institut canadien des actuaires en arrivait à un intéressant constat: de 30 à 50% des dépenses de soins de santé engagées dans la vie d'un citoyen semblent concentrées dans les six derniers mois de celle-ci.
C'est donc dans les derniers mois de notre vie que l'on coûte le plus cher au système de santé.
Voilà la cible.
Comment l'attaquer?
Voilà la cible.
Comment l'attaquer?
En augmentant le nombre de citoyens qui font un testament de fin de vie.
Une autre étude menée entre 1990 et 1992, que cite l'Institut, est en effet instructive sur le coût pour le système hospitalier des personnes qui donnent des instructions à leur famille quant aux soins qu'elles souhaitent obtenir en fin de vie. L'étude conclut que celles qui n'ont pas donné d'instructions ont en moyenne coûté 95 305$, alors que celles qui en ont données ont coûté 30 478$.
On voit tout de suite les économies qui pourraient être dégagées pour le système de santé, et l'efficacité qu'il pourrait gagner.
Le défi est d'amener un plus grand nombre de Québécois à réfléchir sur les soins qu'ils veulent obtenir en fin de vie. Il ne s'agit pas d'enlever l'accès à des soins de qualité et toute l'attention que le respect commande. Il s'agit de faire prendre conscience aux citoyens que bien des traitements ne prolongent que de peu la vie, et engendrent des souffrances et une dégradation de la qualité de vie.
Peu de Québécois sont appelés à réfléchir à cette question par le système. Et lorsque leur jugement s'altère sous le coup de la maladie, dans le doute, les familles ont généralement tendance à opter pour les traitements agressifs.
On ne sait trop comment la réflexion peut être amenée. Mais l'État aurait peut-être avantage à réunir quelques éthiciens et spécialistes de la santé pour élaborer une approche de sensibilisation respectueuse et gagnante pour tous.