Ira ou n'ira pas au Canada anglais dans le sans-fil, Québecor? On pourrait bien le savoir plus tôt que tard, puisque Industrie Canada vient de fixer au 30 janvier la date butoir pour l'acquisition de nouvelles fréquences de spectre.
Quelles étaient les trois conditions pour que l'entreprise se lance dans l'aventure d'un réseau national?
1-Avoir accès à plus de spectre à bon prix;
2-Avoir accès à de meilleurs tarifs d'itinérance;
3-Avoir des partenaires financiers.
En décidant lundi de tenir une nouvelle enchère de spectre en début d'année, et en fixant le 30 janvier comme date limite pour déposer une soumission, Industrie Canada vient probablement de déterminer l'horizon sur lequel le gouvernement fédéral entend régler le dossier du sans-fil.
L'organisme fédéral réserve un bloc de spectre pour les nouveaux entrants, mais place pour condition que celui qui veut un spectre dans un territoire donné offre déjà du service dans ce territoire.
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Une situation, dit l'analyste Jeff Fan, de la Banque Scotia, qui fait que pour pouvoir soumissionner, Québecor devra à tout le moins acheter Wind.
C'est serré dans le temps
La date d'échéance apparaît à première vue fort rapprochée.
Le CRTC doit déterminer cette semaine si les frais d'itinérance tarifés aux nouveaux arrivants par les trois grands (BCE, Rogers et Telus) sont injustes et confèrent une préférence indue. Si tous s'attendent à ce qu'il conclut par l'affirmative, de nouveaux tarifs ne seront cependant pas immédiatement fixés.
De nouvelles audiences sur cette question sont prévues à la fin septembre et le rapport du CRTC est attendu en début 2015.
Ça ne donne pas beaucoup de temps à Québecor pour tout attacher. Il lui sera sans doute difficile de prendre une décision et de négocier avec un partenaire financier avant que le CRTC n'ait établi de nouvelles règles sur les frais d'itinérance.
Wind et Mobilicity sont cependant sous la protection de la loi et des reports ne peuvent être éternellement demandés.
Ira, n'ira pas au Canada anglais?
Ira, n'ira pas au Canada anglais?
La discussion va bon train dans notre univers d'analystes sur l'à-propos de l'aventure. Et ce, même si Québecor obtient une réduction des coûts d'itinérance de 80-90% (ce que personnellement l'on suspecte être sa demande, sur la base d'un récent rapport du SeaBoard Group).
Barclays et la TD voient assez favorablement une expansion de Québecor, Canaccord juge l'aventure dangereuse, et Financière Banque Nationale est incertaine.
Les optimistes estiment que des prix plus faibles pour l'itinérance permettraient à un nouveau joueur d'offrir une couverture et des forfaits plus avantageux que ce que pouvaient offrir les prédécesseurs. Ils précisent qu'il y aurait également moins de concurrence dans le marché, puisqu'il n'y aurait plus de nouveaux entrants se livrant compétition entre eux.
Les optimistes ne croient pas non plus qu'une insoutenable guerre de prix se déclencherait. Philip Huang, de Barclays, estime en outre qu'en baissant leurs prix, les trois grands seraient forcés l'année suivante de baisser encore davantage leurs prix d'itinérance, ce qui aiderait Québecor.
Les pessimistes, Canaccord en tête, font cependant valoir que Québecor a un bilan qui demeure relativement endetté et n'a pas réussi au Québec à s'imposer dans le sans-fil. Et ce, même si elle bénéficiait d'une série d'avantages dont elle ne disposera pas au Canada anglais (nom établi, offre forfaitaire de téléphonie traditionnelle, télé, Internet, etc.).
Ces pessimistes soulignent aussi que les concurrents pourraient choisir de faire porter la riposte dans le marché du Québec, où Québecor bénéficierait alors nettement moins d'une nouvelle politique sur les frais d'itinérance.
On penche personnellement davantage du côté des pessimistes.
Passé un certain seuil, rien ne dit que le gouvernement ajustera les prix de l'itinérance toujours sous le prix du marché. Une guerre de prix pourrait se déclencher au Canada anglais, sans que Québecor récupère l'année suivante en baisse de ses coûts d'itinérance. On entendra bientôt les trois grands plaider qu'ils ont le droit de défendre des rendements raisonnables sur les infrastructures qu'ils ont construit et sur du spectre qu'ils ont payé à fort prix.
L'incapacité d'offrir des bouquets de services à laquelle on faisait allusion plus haut est cependant le principal élément de notre doute. Le consommateur a tendance à choisir le fournisseur de sans-fil qui lui fournit déjà les autres services (Internet, télé,...).
Un jour viendra où tout passera par le sans-fil, et où ces autres services n'auront plus le même attrait. Mais c'est encore trop tôt.
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