Oups, techniquement nous sommes probablement en récession. La Banque du Canada estime que le PIB s'est vraisemblablement contracté dans les premiers six mois de 2015. Retour de l'équilibre budgétaire cette année? Peut-être à Québec, moins sûr à Ottawa.
Face au ralentissement de l'économie, la Banque du Canada ne veut pas prendre de chance et retranche un quart de point à son taux directeur (désormais à 0,5%), dans l'espoir de fouetter les exportations.
Tel que prévu, les premiers mois de l'année ont vu les dépenses du secteur pétrolier se contracter significativement dans l'Ouest. S'ajoute, un ralentissement économique en Chine qui nuit aux prix et aux volumes des exportations de ressources naturelles (bois, minerai, etc.). Malgré la baisse du dollar canadien, les exportations hors ressources ont aussi fléchi ces derniers mois, une situation que la Banque a actuellement de la difficulté à s'expliquer.
Faut-il s'inquiéter?
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Sur le terrain des affaires et dans les chaumières, c'est prématuré. Notamment parce que le marché de l'emploi tient bon. Dans les officines des gouvernements, on se gratte sans doute un peu plus l'occiput (en page 2 pour ceux qui veulent aller tout de suite à la conclusion).
La décision de la Banque est la bonne
D'abord un regard sur la justesse de cette décision et sur ce qui s'en vient.
Beaucoup de bruit s'est fait autour de cette mise à jour de la politique monétaire. Les économistes étaient divisés sur la coupe de taux, certains jugeant qu'elle risquait de faire enfler encore davantage un marché de l'immobilier déjà jugé surévalué.
Il serait étonnant que la coupe ait de réels effets sur les prix du marché immobilier. Le gros de l'enflure est désormais passé, et c'est vraiment à la marge que la baisse aura un impact sur les prix et les décisions des consommateurs.
À l'inverse, la baisse risque d'avoir de l'effet sur les exportations canadiennes. Le huard a en effet chuté de plus d'un cent (à 0,77 cent US), mercredi. Et il pourrait glisser encore un peu dans les prochains mois, la présidente de la Fed, Janet Yellen, rappelant en journée aux marchés qu'une hausse des taux d'intérêt US était probable d'ici la fin de 2015.
La Banque elle-même demeure confiante dans un redressement économique pour les mois à venir. Elle anticipe que, malgré son recul probable en première moitié de 2015, le PIB terminera l'année en progression de 1,1% et avancera de 2,3% en 2016.
Tous ne sont pas égaux
Tous ne sont pas égaux
Avant d'aller à l'impact sur les budgets gouvernementaux, une nuance s'impose: tous ne sont pas frappés avec la même force par le ralentissement économique. Ainsi, il y a quelques jours, la Banque TD publiait ses prévisions provinciales.
On y voit pour le Québec un PIB réel en croissance de 1,7% en 2015 (nettement plus élevé que le 1,1% national) et de 2,1% en 2016. La province se classe en quatrième position, sur un pied d'égalité avec la Nouvelle-Écosse, derrière la Colombie-Britannique, l'Ontario et le Manitoba.
C'est moins bon pour les budgets
Amenons-nous finalement sur le terrain politique.
Pour le contribuable ou les services publics, les dernières prévisions de croissance risquent cependant de poser un problème.
La Banque prévoit une croissance du PIB réel de 1,1% en 2015, alors que l'anticipation budgétaire à Ottawa est à 2%.
Pour Québec, l'institution n'offre pas de comparable, mais il est intéressant d'utiliser l'anticipation de la TD, qui tablait au moment de son étude à peu près sur la même croissance nationale (1,2%) que celle aujourd'hui anticipée par la banque centrale. L'anticipation de croissance de 1,7% de la TD pour le Québec est à mettre en relation avec la prévision de 2% du ministre Carlos Leitao.
On n'a pas de chiffres précis pour Québec, mais la province est probablement dans la marge de sécurité. À Ottawa, une baisse de 1% du PIB réel a un impact de 4,1 G$ sur le budget fédéral. Le surplus anticipé en 2015-16 est de 1,4 G$ et la réserve pour éventualité (à ajouter au 1,4G $) n'est que de 1G $. Si la formule du gouvernement est bonne, il manque de l'argent.
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