BLOGUE. Le Mouvement Desjardins y va de la plus importante émission de parts permanentes de son histoire. Devrait-on souscrire à l'émission de 1,2 G$?
La question nous a turlupiné un bon moment.
Un mot d'abord sur le pourquoi de l'émission.
Le communiqué de presse laisse entendre qu'elle a principalement pour but de permettre à la Fédération des caisses Desjardins d'augmenter ses ratios de capitalisation et de se conformer aux nouvelles ententes de Bâle III.
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Il y a de cela. Les ratios de Desjardins sont déjà nettement au-dessus de ce qui sera requis par Bâle III. Mais certaines filiales, notamment dans l'assurance, pourraient avoir besoin de plus de fonds propres dans l'avenir. D'une discussion avec la direction, on comprend qu'il y a aussi quelques projets d'acquisition dans l'air.
Fin du pourquoi. Passons maintenant au côté placement.
Est-ce intéressant pour l'investisseur?
Le versement d'un taux d'intérêt sur la part n'est pas garanti. Ni le capital qu'on y met. Il ne s'agit pas d'un certificat de dépôt.
Le produit ressemble à une action privilégiée, à l'exception qu'elle n'a pas d'échéance.
Intéressant?
Tout dépend de comment on décide d'y regarder, mais il faut bien réfléchir et on est personnellement hésitant.
Desjardins a actuellement pour politique de verser un taux d'intérêt de 4,25%. Si les taux descendent, il est possible que le taux soit abaissé. La décision est discrétionnaire. À titre de comparaison, les taux d'intérêt 5 ans et 10 ans du gouvernement du Canada sont respectivement à 1,23% et 1,69%.
Le taux de rendement est nettement plus intéressant dans le produit Desjardins.
C'est bon jusqu'à maintenant. Poursuivons.
Le Mouvement indique (à nous, pas dans le prospectus) qu'il veut aussi suivre le rendement des obligations cinq ans si jamais le rendement de celles-ci vient à rattraper le 4,25% et même à le dépasser.
Toujours intéressant. Le produit devrait normalement faire mieux que les obligations cinq ans pour un temps, et, au pire, faire la même chose par la suite.
Le problème en est cependant un de sortie. Si les taux d'intérêt des obligations canadiennes (cinq ans) viennent à grimper et à dépasser le 4,25% actuellement offert.
À ce jour, le marché secondaire des premières parts permanentes de Desjardins fonctionne bien. La part offre un rendement nettement supérieur à l'obligation, ce qui facilite grandement le recrutement d'un acheteur de part (10$) lorsqu'un investisseur veut vendre. À rendement égaux cependant, il risque de se trouver pas mal moins d'acheteurs intéressés. Et transformer sa part en argent sonnant et trébuchant devenir beaucoup plus difficile.
On ne dit pas impossible, mais chacun peut entrevoir l'importance du risque. Il y aura notamment des actions privilégiées d'autres sociétés qui, elles, continueront à offrir des rendements plus élevés que les obligations et seront plus attrayantes.
Attention, cela ne veut pas dire qu'un investissement dans une part n'est pas intéressant. Si l'on croit que les taux demeureront encore faibles pour quelques années, il y a possibilité de jouer le produit et de sortir avant que les taux ne montent trop.
L'approche est cependant de nature spéculative et n'est pas appropriée pour tous les investisseurs et tous les portefeuilles.
Un autre repère: l'Indutrielle Alliance
Un autre repère: l'Industrielle Alliance
Au même moment où Desjardins arrive avec un financement de parts, l'Industrielle Alliance annonce de son côté une émission d'actions privilégiées cinq ans à 4,30% par année.
Le taux est en apparence à peu près le même que celui de Desjardins, ce qui peut sembler curieux, Desjardins étant plus solide financièrement. Mais, on l'a vu, le produit Desjardins est handicapé par un éventuel problème de sortie. Qui plus est, le rendement de l'Industrielle est plus élevé qu'il n'y paraît pour l'investisseur. Desjardins demande en effet à ce que le gouvernement traite son 4,25% comme de l'intérêt, ce qui signifie que les revenus seront imposables à 100%, alors que le dividende de l'Industrielle sera moins imposé.
On n'a pas examiné dans le détail le bilan de l'Industrielle, mais, entre les deux, on serait davantage attiré par ce qu'offre l'assureur.