BLOGUE. François Legault et la CAQ pourraient bien avoir marqué quelques points, lundi, avec le dévoilement de leur proposition sur les frais de scolarité. Elle sera sûrement attaquée de bien des côtés, mais pour la première fois depuis le début du conflit étudiant un parti politique arrive (enfin) avec une solution mitoyenne.
La CAQ propose de hausser les frais de scolarité de 200$ par année sur cinq ans, plutôt que de 254 $ par année sur sept ans, comme le proposait la dernière offre du gouvernement Charest. À la fin des cinq années, les frais seraient augmentés au coût de l'inflation.
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Le financement supplémentaire ne serait accordé aux universités que suite au dépôt par celles-ci d’un plan de rationalisation de leur gestion. Ce plan devrait prévoir une amélioration des services aux étudiants grâce à une meilleure allocation des ressources dont elles disposent.
Pourquoi la proposition est intéressante
Le plan de rationalisation de la gestion est dans un premier temps important. Depuis plusieurs mois déjà l'on met en évidence cette statistique à l'effet que les universités du Québec n'apparaissent pas souffrir du sous-financement décrit par les recteurs. En fonction du PIB, de même qu'en fonction du nombre d'étudiants, le Québec dépense plus que la moyenne canadienne pour ses universités. Avant d'injecter davantage, il y a lieu de s'assurer que nous dépensons correctement.
Surtout cependant, la proposition de monsieur Legault emprunte une avenue de compromis susceptible de faire baisser les tensions sociales, parce que davantage du domaine du raisonnable.
On a toujours préféré analyser ce dossier en regardant l'effort demandé aux étudiants au terme de la période de hausse et ce qu'elle pouvait représenter durant la période côté inflation.
La proposition initiale du gouvernement du Québec était pour une augmentation de 1625$ par année sur cinq ans. Cela voulait dire 6000$ d'endettement supplémentaire pour l'étudiant à la fin d'un programme de quatre ans (dans neuf ans). Et une inflation de près de 12% de la facture chaque année sur les cinq ans de hausse.
La proposition de monsieur Legault est plutôt pour une augmentation de 1000$ sur cinq ans. Pour un baccalauréat de quatre ans, cela veut dire 4000$ d'endettement supplémentaire pour l'étudiant à la fin du programme. L'inflation est de près de 8% annuellement sur la période de hausse.
Acceptable?
Acceptable?
Notre définition personnelle du "raisonnable" gravitait jusqu'à maintenant plutôt autour d'une hausse de 735$ par année au bout de cinq ans. Le résultat est un endettement supplémentaire de 3000$ pour un étudiant au bac et une inflation annuelle de 6% sur la période de hausse. Sur cette base, la poire est coupée en deux.
La bouchée demandée apparaît donc peut-être encore un peu grosse pour permettre un règlement. Mais nous n'avons pas entendu monsieur Legault dire qu'il n'y avait aucun espace de négociation.
Deux choses ne sont pas tout à fait claires au moment d'aller en ligne. Monsieur Legault serait-il prêt à maintenir dans sa totalité l'engagement du gouvernement de hausser les prêts et bourses? La proposition prévoit une diminution du crédit d'impôt pour les études universitaires, qui n'est pas chiffrée. Quel serait l'impact de cette diminution sur le portefeuille étudiant moyen?
La proposition de la CAQ vient cependant de nettement faire avancer le dossier.