Alors, comment on trouve ce nouveau budget?
En mars, nous étions personnellement un peu partagé.
- Déçu parce que le gouvernement trichait un peu en cachant que sa cible de dépenses était atteinte par un changement de règles comptables sur l'harmonisation de la TPS avec l'Ontario et la Colombie-Britannique.
- Déçu aussi parce qu'en persistant avec les baisses d'impôt aux entreprises, il courait moins rapidement vers l'atteinte du déficit zéro et poussait des charges supplémentaires vers l'avenir.
- Encouragé de voir toutefois que le gouvernement aiguisait les couteaux de sa tondeuse pour les années à venir et annonçait, sans l'incorporer à ses prévisions, un nouvel examen stratégique de ses ministères. Après avoir demandé chaque année dans le passé à 25% des ministères de retrancher 5% de leurs dépenses sur trois ans, il allait maintenant demander à tous les ministères de faire de même. Même ceux qui venaient juste de terminer l'exercice et ne devaient recommencer que dans trois ans.
Comment on trouve ce nouveau budget?
Les mêmes commentaires s'appliquent, mais voilà qu'en plus il manque des chiffres et il y a des odeurs de Kremlin.
On a oublié des promesses
Essentiellement, monsieur Flaherty reconduit son budget d'il y a quelques semaines. Il maintient les mesures d'allègement d'impôt aux entreprises. Le taux est passé de 18,5% à 16,5% en janvier et sera abaissé à 15% l'an prochain.
Sur l'horizon budgétaire long terme, il reconduit l'ensemble des mesures sur la famille, sur l'emploi et sur les communautés.
Le ministre des finances intègre cette fois les résultats de l'examen stratégique dans ses calculs et dit que le déficit zéro sera atteint un an plus tôt que prévu, en 2014-15.
Officiellement, on devrait afficher un surplus de 3,7 G$ en 2014-15 et un autre plus important de 8,2 G$ l'année suivante.
Ça reste cependant à voir. Le gouvernement ne rentre malheureusement pas dans le chiffrier le coût de ses promesses électorales pour les années à venir. Il y a pour plus de 150 M$ de promesses non incluses en 2012-13, près de 192 M$ l'exercice suivant, près de 920 M$ en 2014-2015 et pour 3,1 G$ en 2015-2016.
Total à retrancher des surplus anticipé? : 918 M$ sur la prévision 2014-15 et 3,1 G$ sur l'année suivante.
Si le gouvernement tient parole, ce sera beaucoup plus serré que ne le font voir les chiffres pour le retour à l'équilibre.
Surtout que…
Surtout que...
Il aurait été souhaitable que le Parti conservateur soit un peu plus "conservateur" dans sa gestion.
Vrai, Ottawa prend des hypothèses de croissance économique qui sont inférieures à l'attente des économistes du privé. Jamais le consensus du privé n'intégrera cependant une récession dans ses prévisions de croissance (une banque ne télégraphie pas à sa clientèle qu'elle anticipe que les affaires seront significativement moins bonnes).
Il serait plus prudent pour le gouvernement d'adopter les prévisions de croissance du Directeur parlementaire du budget.
Même si le calcul du Directeur parlementaire ne prend pas en compte les 4 G$ d'épargne que réalisera le gouvernement avec son exercice stratégique, il ne tient pas non plus compte des 3,1G $ de nouvelles promesses. Et il arrive en 2015-16 avec un déficit prévu de 7,3 G$.
Dit autrement, on pourrait bien regretter les promesses de la campagne électorale. Et, comme avec les baisses d'impôt aux entreprises il y a quelques années, avoir encore une fois promis pour le futur ce que l'on n'avait pas les moyens de promettre.
Moins de Kremlin, S.-V.-P.
Difficile de ne pas parler de l'abolition des subventions publiques aux partis politiques versées en fonction des suffrages. Ce n'est pas une mesure financière majeure et c'est justement ce qui la rend décevante.
À terme, la mise au rancart permettra d'épargner 30 M$ par année.
Ce programme avait été mis en place par le gouvernement Chrétien pour compenser l'interdiction des contributions des personnes morales.
Son abolition n'est pas sans menacer l'avenir du Parti libéral. Il faudra forcément que les contributions privées viennent compenser.
Alors que l'on se demande au Québec s'il ne serait pas sage d'augmenter le financement public des partis pour éviter le patronage, on fait plutôt à Ottawa un pas dans l'autre direction.
Le problème de ce gouvernement à ce jour n'est pas dans la gestion des finances publiques. Malgré les doléances qui précèdent, elle demeure somme toute relativement bonne dans le contexte de nécessité électorale qui prévalait.
Il faut cependant déplorer cette tendance qu'il semble avoir à envier le Kremlin.
On se rappellera le petit oubli du dernier budget à mentionner que la cible des dépenses était atteinte par la magie d'un jeu comptable sur l'harmonisation de la TVQ en Ontario et en Colombie-Britannique. On se rappellera aussi les resserrements aux politiques d'accès à l'information. Voilà maintenant que l'on joue avec l'enveloppe du financement de la démocratie d'une façon douteuse.
Dommage.