C'est avec l'esprit quelque peu confus que l'on est ressorti, ce vendredi, de l'allocution de la première ministre à une conférence organisée par Les Affaires.
« Je prends un engagement devant vous aujourd'hui: au cours des prochaines années, le gouvernement va réinvestir massivement dans nos universités (…) En 2018, les subventions du gouvernement aux universités seront plus élevées de 800 M$ par rapport à cette année. C'est 200 M$ de plus que ce qui était prévu par l'ancien gouvernement. Je le redis et je m'y engage: en 2018, nos universités disposeront de 800 M$ de plus par année. »
Ça y est, le trouble est vraiment sur le point de prendre fin. Le PQ va donner plus d'argent que les libéraux n'en donnait dans l'opération réinvestissement. Les universités n'ont plus lieu de chialer, vous dîtes-vous.
Il y a dans cette déclaration une petite subtilité de langage et une retenue d'explication.
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On présumera que madame Marois fait référence à l'exercice fiscal 2018-2019, quand elle parle d'un réinvestissement de 200 M$ de plus que le gouvernement précédent. Il faut en effet que l'année de calendrier 2018 puisse se compléter.
Cette année-là, la hausse des frais de scolarité devaient amener 357 M$ de plus dans les coffres des universités, selon les chiffres du dernier budget. Or, comme on le sait, cette hausse a été annulée.
Vous voyez le calcul: 200 M$ de plus en subventions que les libéraux, mais 357 M$ de moins en frais de scolarité. Il manque 157 M$ aux universités par rapport au financement libéral.
On a dû beaucoup travailler vendredi pour y voir plus clair. Et la confusion était grande au gouvernement. Finalement, un attaché politique nous a expliqué que l'investissement du nouveau gouvernement allait être de 225 M$ de plus que les libéraux (et non 200 M$) et qu'il fallait retrancher aux frais de scolarité promis par les libéraux le tiers de la somme, ce tiers n'étant en fait pas destiné aux universités mais à l'aide aux étudiants.
Au final, en 2018, le gouvernement versera donc autant aux universités que ce qu'avait promis les libéraux. Ni plus, ni moins. Mêmes montants.
Constats
Constats
Cette position devrait normalement abaisser les tensions entre les universités et l'État.
Il reste les compressions demandées pour cette année et l'an prochain. Ça risque de brasser encore un peu sur cette question au sommet. Cela dit, avec l'annonce de madame Marois, il apparaît que, sur le long terme, le financement universitaire québécois devrait faire consensus chez les gens de bonne foi (on dit « consensus » pas « unanimité »). A l'époque de l'annonce du réinvestissement libéral (avant le conflit étudiant), bien peu de personne continuaient en effet d'entretenir des inquiétudes face au sous-financement des universités québécoises.
Il est cependant dommage que l'on n'ait pas mieux aiguillé la première ministre sur cette sortie. Son discours était bon et inspirant. L'engagement sur le financement universitaire était flou et s'approchait dangereusement de ces ruses politiques qui minent la confiance du public dans ses dirigeants.
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