BLOGUE. Que doit faire le Québec pour solutionner les problèmes de son système de retraite?
Il aurait avantage à s'inspirer et à migrer vers le modèle des Pays-Bas, a estimé, lundi, l'ancien grand patron de Teachers, Claude Lamoureux, devant plusieurs participants au Forum économique international de Montréal.
C'est toute une révolution qu'a à l'esprit monsieur Lamoureux.
En Hollande, soutient-il, plus de 90% des salariés sont couverts par un régime à prestation déterminée. Ces régimes sont cependant différents de ceux que l'on a ici. Au Québec, la prestation de retraite est garantie. En Hollande, si l'on tombe en situation de sous-capitalisation, l'indexation est immédiatement stoppée et l'on peut même assister à des baisses de prestation.
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En gros, s'il était sous juridiction québécoise, le modèle porterait le nom de régime à prestation cible.
Il n'est pas clair que les syndicats accepteraient de migrer vers un tel modèle. Même au sein du comité D'Amours, la proposition ne fait sans doute pas consensus. De passage à un colloque du Conseil du patronat, la semaine dernière, Alban D'Amours a en effet semblé vouloir prendre ses distances d'une suggestion d'un interlocuteur visant à donner plus d'espace aux régimes à prestation cible. Monsieur D'Amours estimait que la proposition de son comité visait notamment à augmenter la sécurité financière des retraités et qu'une prestation cible serait un recul pour eux par rapport à une prestation garantie.
La proposition mérite considération
La proposition mérite considération
L'absence de consensus ne veut pas dire qu'il faut rejeter en bloc l'idée de monsieur Lamoureux. L'avenir des régimes à prestation déterminée est douteux. L'ampleur de leurs déficits actuels est en voie de conduire à un résultat apparenté à celui de la prestation cible dans les municipalités et les universités, et, pire encore, à des abandons totaux de régime (à prestation déterminée) chez les entreprises privées.
Dans son exposé, monsieur Lamoureux a notamment beaucoup insisté sur la bonification que plusieurs retraités pourraient obtenir avec un régime à prestation cible.
Nombre de salariés ne peuvent aujourd'hui compter que sur eux-mêmes pour gérer leur pécule de retraite (l'employeur ne fait souvent que contribuer à leur REER). Ils administrent eux-mêmes leur portefeuille où ont recours à des conseillers financiers pour le faire.
Or, il est reconnu que la plupart des épargnants qui gèrent eux-mêmes leur portefeuille font d'importantes erreurs d'allocation de capital. Ils achètent et vendent aux mauvais moments. Les conseillers financiers réussissent il est vrai à augmenter les rendements, mais leurs honoraires et frais de gestion coûtent plus chers que ce que coûterait un régime à prestation cible comme celui que préconise l'ancien patron de Teachers.
Claude Lamoureux estime qu'un écart de 1 point de pourcentage sur les frais de gestion fait une différence de 20% sur la rente de retraite d'un épargnant. C'est une rente d'au moins 20% supplémentaire que pourraient recevoir beaucoup de retraités si on migrait plusieurs régimes vers le modèle à prestation cible.
Faut-il amener ici le modèle hollandais?
Peut-être pas pour tous, mais il est assurément des entreprises chez lesquelles l'idée vaudrait la peine d'être étudiée.
Aux salariés d'en parler à leur comité de retraite.
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