BLOGUE. On a été un peu surpris, il y a quelques jours, de la faiblesse des résultats du Mouvement Desjardins. En haut de communiqué, l'exergue va ainsi: « Desjardins poursuit sa croissance au bénéfice de ses membres et clients et maintient sa position de leader dans ses différents segments de marché ». L'illustration même que la rentabilité connaît des ratés.
Officiellement, les excédents avant ristournes sont identiques à ceux de 2011. Il ne faut cependant pas beaucoup de temps pour s'apercevoir que la marque est atteinte en raison d'une variation positive de nombre d'éléments qui ne sont pas centraux aux activités de Desjardins, et qui, dans l'état financier apparaissent sous l'appellation « Autres ».
En excluant ces éléments, les excédents avant ristourne sont en recul de 13% sur l'exercice 2012. Ce qui explique que l'enveloppe de ristournes baisse de près de 8%.
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L'assurance générale, le troisième secteur à contribuer à la rentabilité de Desjardins, rapporte des résultats en croissance et semble bien se porter. Ailleurs, les choses sont cependant plus difficiles.
Dans la division Gestion de patrimoine et assurances de personnes, deuxième secteur de force de Desjardins, comme partout ailleurs les bas taux d'intérêt et les faibles rendements pèsent sur les résultats. S'il faut en croire l'expérience observée chez l'Industrielle-Alliance, il y a cependant probablement moyen de régulariser pour un temps en ajustant les politiques d'investissement.
C'est surtout le secteur Particuliers et Entreprises qui est en fait de nature à préoccuper. Les excédents avant ristourne sont en recul de 10% sur l'année, et il s'agit du moteur le plus important de Desjardins (65% des excédents des trois divisions du Mouvement).
La concurrence est apparemment forte dans le secteur des prêts aux particuliers et aux entreprises. Desjardins indique qu'un certain nombre de banques ont recentré leurs activités au Canada et au Québec et guerroient assez férocement sur les taux d'emprunt. Les volumes augmentent, mais les marges sont à ce point compressées que la rentabilité diminue.
Le même phénomène est observable à la Banque Laurentienne chez qui la rentabilité de la division Particuliers et PME-Québec est en baisse de plus de 15% au dernier exercice (qui ne s'étale cependant pas sur les mêmes mois que Desjardins).
On notera que la Nationale semble cependant pendant ce temps avoir réussi à tirer son épingle du jeu, probablement en compressant les coûts. Ses bénéfices sont en effet en hausse de 10,5% (encore ici avec un exercice se terminant au mois d'octobre plutôt que décembre).
Les ristournes peuvent-elle revenir de l'arrière cette année?
Les ristournes peuvent-elles revenir de l'arrière cette année?
Bonne question.
Une avenue d'augmentation de la rentabilité pourrait évidemment être pour Desjardins de couper dans ses coûts.
Quelque chose nous dit que ce sera examiné, et que certaines mesures seront prises.
Il serait cependant étonnant d'assister à une grande opération. Chaque caisse est autonome, ce qui ne rend pas simple les interventions sur les coûts. Bien qu'il y ait de multiples exemples passé, l'approche n'est pas non plus un naturel pour la philosophie du Mouvement. La probabilité d'une intervention sentie ne grimpera vraisemblablement que si les concurrents réduisent leurs coûts et, ce faisant, en viennent à voler des parts de marché aux caisses Desjardins.
Ne reste guère alors qu'un seul autre levier de redressement de rentabilité: une hausse des taux d'intérêt. Parce que les taux des comptes chèques ne grimperaient pas beaucoup, les marges s'accroîtraient. Les hypothèses actuarielles du secteur de l'assurance seraient sans doute aussi réévaluées favorablement.
Malheureusement, Desjardins n'a aucune emprise sur ce levier. Et il ne semble pas que les taux soient sur le point de significativement remonter.
C'est pourquoi les excédents de Desjardins pour l'exercice qui vient de s'amorcer pourraient bien faire du surplace. Même chose pour les ristournes.
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