BLOGUE. La publicité à la radio nous a fait un peu sourciller. «Les prix des communications sans-fil sont moins chers au Canada qu'aux États-Unis», clamait-elle, en s'appuyant sur de récents comparables, sans pour autant être explicite. Objectif évident: empêcher la venue au pays de Verizon.
Coup de fil à l'Association des télécommunications sans-fil du Canada. «Pourriez-vous m'envoyer vos comparables? Je suis intéressé à voir les postulats et les conclusions.»
Voici ce que donne l'enquête de l'organisme, menée en date du 17 juillet.
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Les prix sont pour un forfait de temps illimité, avec interurbain national, messages texte illimités, et entre 2 et 3Go de données (moyenne canadienne d'utilisation réputée être à 700 Mo, moyenne US autour de 1Go).
Bell: 95$
Rogers: 90$
Telus: 80$
AT&T: 123,60$ (120$ si on ne tient pas compte du taux de change)
Verizon: 103$ (100$ si on ne tient pas compte du taux de change)
Constat qui vient à l'esprit: les prix du sans-fil canadien sont nettement inférieurs à ceux des Américains.
Eh bien non. La date nous a fait tiquer, et l'idée nous est venue de jeter un œil sur les nouveaux tarifs en vigueur, depuis que le CRTC ne permet plus de signer des contrats de trois ans (aux États-Unis, il n'y a pas de contrats trois ans).
On a arbitrairement choisi de comparer la nouvelle offre de Telus, puisqu'elle était la moins chère de toutes, initialement.
Prix du même forfait dans la nouvelle grille de Telus: 100$.
Résultat: il n'est plus du tout évident que le prix du sans-fil canadien est moins cher que celui du US. Pas moins cher en tout cas que celui de Verizon.
Adam Shine, de Financière Banque Nationale, en venait récemment à la même observation.
Poussant un peu plus loin l'analyse, il s'attardait cependant aussi à un autre forfait, celui bâti pour deux utilisateurs. Sous ce forfait, pour une consommation inférieure à 1Go de données, les prix US et CAN étaient encore une fois comparables. Plus la consommation de données augmentait toutefois, plus les tarifs affichaient une différence importante (10$ à 1Go, 15$ à 2Go et 50$ à 6 Go), en faveur de Verizon.
Publicité discutable, donc. Visiblement, l'Association des télécommunications compare des pommes et des oranges. Notre exercice aléatoire donne même à penser que les prix US sont légèrement inférieurs à ceux du Canada.
Là où l'Association reçoit un appui
Là où l'Association reçoit un appui
N'allons cependant pas trop vite.
Le CRTC publiait au début du mois une analyse de situation en se basant sur les données recueillies par Wall Communications.
Trois forfaits étaient sous analyse, mais retenons celui qui concerne les téléphones intelligents (les deux autres ne concernent que le sans-fil traditionnel). Forfait évalué: 1200 minutes d'appels, dont 15% en interurbains, 300 messages textes, et 1Go de données.
Le classement se lit ainsi:
1-Australie: 50$ par mois
2-France: 59$
3-Royaume-Uni: 64$
4-Canada: 94$
5-Japon: 125$
6-États-Unis: 146$
On le voit, l'approche tend cette fois à accréditer la thèse de l'Association: les prix canadiens sont nettement plus avantageux que les prix américains.
Que penser de tout cela?
On a encore ici de la difficulté avec l'étude. Compte tenu de notre premier constat, il apparaît difficilement concevable que l'écart de prix mensuel entre le Canada et les États-Unis puisse être de 50$ par mois (600$ par année). Et que l'on soit de notre côté 50$ par mois plus cher que l'Australie.
Les écarts sont probablement attribuables à des questions méthodologiques.
L'un dans l'autre, les sociétés de téléphonie ont néanmoins raison de prétendre que rien n'appuie les prétentions que les prix du sans-fil sont plus élevés ici qu'aux États-Unis.
Ce qui ne veut pas dire que l'arrivée de Verizon ne ferait pas casser les prix. On le disait récemment, la seule façon pour elle de prendre du marché est de jouer sur ceux-ci.
La situation permet cependant de penser qu'après quelques années de guerre, on assisterait à une remontée sentie. Avec un certain nombre d'emplois canadiens en moins.
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