BLOGUE. Ainsi le ministre Jean-François Lisée plie sous la pression populaire et sous celle de sa conscience. Il renonce à la rémunération différée qui lui provenait de l'Université de Montréal. C'est une importante erreur.
Comme ministre des affaires internationales et responsable de la région de Montréal, Monsieur Lisée touche une rémunération de 150 924$, plus une allocation de dépenses non imposable de 16 000$.
Il empochait jusqu'à aujourd'hui 8 666$ par mois (soit 104 000$ par année) en provenance de l'Université de Montréal. Il devait continuer à toucher cette somme jusqu'au mois de mars, date à laquelle il recevrait une indemnité de départ de 27 000$.
Il allait ensuite recevoir une rente conforme aux prescriptions du régime de retraite.
Cette rémunération faisait suite à une entente spécifique avec l'université, stipulant qu'il toucherait 13 mois de salaire par année, mais que ces treizièmes mois lui seraient versés à compter de la date de son départ.
En d'autres mots, monsieur Lisée avait déjà gagné cet argent.
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Si cet argent avait été gagné dans le privé, personne ne se serait offensé de son versement. Il est temps de faire preuve de discernement et d'arrêter ce non sens qui commanderait que parce que des émoluments ont été obtenus dans le public, il faille y renoncer lorsque l'on occupe un autre emploi dans le public. C'est d'un illogisme pur.
Cette façon de penser est une autre barrière à l'entrée de solides compétences au gouvernement ou à l'Assemblée nationale.
L'ancien ministre Laurent Lessard, qui y est allé de commentaires rapides et sans mesure sur la situation, devrait y réfléchir à deux fois et rapidement reconnaître qu'il s'est trompé. Pour l'instant, il fait bien petit.
Il y a quelque chose de noble dans toute la réflexion à laquelle s'est livrée monsieur Lisée, et dans le geste qu'il pose de renvoyer l'argent à l'Université et d'octroyer ensuite sa pension aux entreprises d'insertion sociale de Rosemont (tant qu'il sera élu).
Malheureusement, ce geste vient aussi créer un précédent qui fait en sorte que d'autres ne voudront pas paraître moins nobles.
Et préféreront de ce fait, chercher un autre défi ailleurs.