BLOGUE. « Hummm, il a trop avancé sa montre et est déjà rendu au 1er avril… »
C'est la première réaction que l'on a eu, jeudi matin, lorsque notre patron nous a annoncé que Pierre Karl Péladeau quittait ses fonctions de chef de la direction pour davantage se cantonner dans un rôle stratégique.
Vous trouvez que monsieur Péladeau a réussi à traverser de grands défis? Celui-là sera sans doute le plus difficile de sa carrière.
Officiellement, il devient vice-président du conseil d'administration de Québecor. Il devient aussi président du conseil de Québecor Média et de TVA. Ce sont d'ordinaire des rôles qui sont de nature stratégique et concernent l'orientation des activités. Non leur exécution. Si l'on comprend bien, c'est le rôle dans lequel il se voit dorénavant.
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Ceux qui évoluent ou ont évolué chez Québecor savent bien que ce n'est pas dans sa nature. Pierre Karl Péladeau a toujours pratiqué un style de gestion de type « micro-management ». Plusieurs gestionnaires peuvent témoigner de ses interventions dans des plates-bandes où ils ne l'attendaient pas. C'était parfois une bonne chose, parfois une moins bonne.
C'est aussi un homme d'action. Animé du tempérament des grands conquérants, il n'était jamais très loin du champ de bataille, faisant tantôt donner la télé, tantôt les journaux, tantôt d'autres brigades offensives pour en venir à ses fins et remporter des victoires.
Fini que tout cela? Beaucoup sont aujourd'hui sceptiques et y voient anguille sous roche.
Pourquoi ce pas en arrière?
Pourquoi ce pas en arrière?
Certains avancent que Monsieur Péladeau fait un pas en arrière pour des motifs de santé. Québecor a formellement démenti et ce serait bien surprenant.
D'autres soutiennent que c'est parce que Robert Dépatie, le grand patron de Vidéotron, était sollicité par Rogers. Sans promotion, il serait passé à l'ennemi, ce qui aurait été un dur coup pour Québecor. C'est possible. On ne mettrait cependant pas la maison là-dessus. Monsieur Dépatie a un devoir de loyauté (légal) envers Vidéotron et, à son niveau hiérarchique, un passage chez Rogers ne se serait pas aussi facilement passé qu'on peut le croire.
Tant qu'à spéculer, il pourrait aussi être avancé que Rogers prépare une grosse entente avec Vidéotron pour le Québec, que monsieur Dépatie y est vu comme un maillon essentiel et que monsieur Péladeau bouge pour un motif que l'on ne voit pas encore. Notre collègue Hugo Joncas nous est arrivé, il y a quelque temps, avec des informations sur des discussions dans le sans-fil. Mais on est incapable de se faire confirmer le tout.
Et s'il disait vrai?
Reste aussi la possibilité que les motifs fournis par monsieur Péladeau soient finalement les véritables. Malgré tout ce qui précède, ils sont ceux qui semblent offrir le plus de force probante.
Il dit vouloir mieux réfléchir sur la stratégie en n'étant pas absorbé par le quotidien. Il dit aussi vouloir passer plus de temps avec sa famille. Et il dit finalement vouloir suivre les traces de son père et rendre à la société en faisant œuvre philanthropique.
« Vous savez, il est dans l'organisation depuis 25 ans et à la tête depuis 14 ans, il souhaite recomposer sa vie. Avant d'étudier le droit, Pierre Karl a étudié la philosophie. C'est un homme de réflexion », disait jeudi la présidente du conseil, Françoise Bertrand.
C'est vrai. Malgré certaines divergences, les quelques contacts qu'on a pu avoir dans le passé avec lui ont permis de constater la chose.
Morale de l'histoire?
Trois motifs, quatre motifs, cinq motifs... Pierre Karl Péladeau quitte le poste de chef de direction comme il y était entré: sur le thème de la convergence.
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