BLOGUE. «En 2012, New York devrait reculer d'environ 7 % et Toronto, de 10 %.» Telle était la prophétie, telle ne fut pas tout à fait la réalité.
Après avoir relativement frappé dans le mille en 2011 (nos cibles ont été atteintes, mais le marché a reculé quelques mois avant la fin du calendrier), il faut reconnaître cette année que le prophète ne paraît pas très bien. Aux États-Unis, le S&P 500 n'a pas fléchi, mais a avancé de 13,4 %. Même chose au Canada où l'indice TSX a progressé de 4 %.
Que s'est-il passé ?
Nos feuilles de thé avaient été produites par certains Mayas dont le calendrier prédisait de grands bouleversements en 2012. On sait ce qu'il en a fut, et, devant la faiblesse du produit, on a changé de fournisseur en 2013.
Où l'on s'est trompé
Avant d'y aller d'une nouvelle prophétie, un rapide coup d'oeil sur où on a fauté.
Au début de 2012, l'Europe était plongée tout entière dans la crise. Et on ne voyait pas trop comment les choses pourraient se replacer. La Grèce était en faillite, le déficit de l'Irlande était à plus de 10 % du PIB, celui de la Grande-Bretagne, à 8,6 %, celui de l'Espagne, à 6,3 %, et celui du Portugal, à 5,9 %. Tous ces pays s'étaient entendus pour ramener à terme le ratio à 0,5 %. La tronçonneuse allait passer dans les dépenses gouvernementales de ces pays, ce qui n'aiderait pas l'économie mondiale.
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Aux États-Unis pendant ce temps, le déficit avoisinait 10 % du PIB, avec Standard & Poors qui menaçait d'y aller d'une nouvelle décote.
Les analystes voyaient à l'époque un bénéfice en croissance d'un peu plus de 6,1 % pour l'indice américain et de 15 % pour le canadien. On avait dans le contexte jugé exagérées les anticipations et corrigées de façon importante. En fait, on les avaient même fait reculer (de 97 $ US en 2011 à 90 $ pour l'indice américain). Ce fut l'erreur. En 2012, les bénéfices américains furent somme toute conformes aux attentes du début d'année, avec non pas un recul, mais une croissance de 4 %.
Que fera l'économie cette année ?
Que fera l'économie cette année?
Les derniers mois ont réchauffé notre sentiment sur les perspectives économiques nord- américaines.
On dit «réchauffé», il ne faut pas y voir davantage. Les Bourses ont commencé l'année en force à la faveur de l'entente pour éviter le mur budgétaire. Normal. L'accord reconduit des allègements fiscaux qui, s'ils avaient expiré, auraient plongé l'économie américaine en récession. Cela dit, il met fin à un certain nombre de cadeaux, ce qui viendra retrancher de la croissance au PIB américain. La maison Charles Stanley estime que chaque salarié gagnant plus de 50 000 $ US paiera au moins 1 000 $ d'impôt de plus par année.
Le Congressionnal Budget Office (CBO) estimait en août que, si rien n'était fait, le PIB américain aurait reculé de 0,5 %. L'organisme doit prochainement revoir ses projections. De façon intérimaire, il indique toutefois que, si l'on reprenait les projections ayant cours au mois d'août, le PIB réel avancerait en 2013 de 1 %.
Il se pourrait bien que la prévision à venir du CBO soit plus optimiste. Le PIB américain au troisième trimestre a connu une croissance nettement supérieure aux attentes (+ 3,1 %).
L'embellie semble toutefois en bonne partie attribuable à une hausse des stocks, et il ne serait pas étonnant qu'au quatrième trimestre on retrouve une croissance nettement plus faible (autour de 1,6 %, selon Capital Spectator).
Au final, on tablerait sans doute pour un PIB réel 2013 se situant autour de 2 % aux États-Unis. Idem pour le Canada, qui marchera au même rythme.
Ce n'est pas très fort, mais c'est suffisant pour permettre aux bénéfices de croître.
Que feront les bénéfices ?
Aux États-Unis, le consensus Bloomberg fait état d'une progression des bénéfices du S&P 500 de 10,2 % en 2013 et de 11,4 % en 2014.
Au Canada, les économistes prévoient une progression de 16,3 % en 2013 et 11 % en 2014.
Ces consensus semblent optimistes. En 2012, lorsque tout aura été rapporté, les bénéfices du S&P 500 devraient normalement avoir augmenté de 3,8 %. Dans un contexte où le PIB aura progressé d'un peu plus de 2 %.
On se rabattrait plutôt sur les consensus de Thomson Financial Reuters, qui, compte tenu de ce qui précède, semblent aussi un brin optimistes. Ils prévoient une croissance du bénéfice américain de 6 % en 2013 et de 6,8 % en 2014. Avec un multiple de 14 (1 point sous la moyenne historique de 15) appliqué à un bénéfice de 108 $ US (2013), on obtient une cible de 1 512 points pour le S&P 500.
En optant pour une croissance similaire des bénéfices au Canada (6 %) et en appliquant le même multiple de 14, on obtient une cible pour le TSX à 12 094 points.
Ce qui fait qu'aux États-Unis, la Bourse devrait croître de 6 %, et au Canada, être stable ou en léger recul.
«Heureux celui qui lit, heureux ceux qui écoutent les paroles de cette prophétie et qui gardent les choses qui y sont écrites.» (Apocalypse, 1,3).
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