BLOGUE. C'est un ministre des finances assez décontenancé qui s'est présenté jeudi devant les journalistes. « Je suis très, très déçu, je suis en colère », a-t-il lâché. Malheureusement pour lui, ce n'est qu'un début…
On peut comprendre Nicolas Marceau de ne pas avoir apprécié le dernier budget de Jim Flaherty. L'approche pour la formation de la main-d'œuvre n'est peut-être pas une mauvaise idée, mais elle force le gouvernement du Québec à sortir de l'argent supplémentaire. Or, comme tous le savent, Québec est plutôt en mode compression et a déjà toutes les misères du monde à atteindre ses cibles.
Si vous souhaitez un jour conclure un partenariat avec quelqu'un, il vaut probablement mieux ne pas vous présenter en imposant dès le départ vos conditions. On risque sinon de vous apposer l'étiquette de rustre.
On peut aussi comprendre la colère de monsieur Marceau face au retrait des crédits d'impôt de 15% pour le Fonds de solidarité et Fondaction.
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Qu'on juge qu'ils sont trop capitalisés ou non, ces fonds sont centraux dans l'injection du capital de risque au Québec. Or, personne ne sait quel sera l'impact de cette décision sur la valeur de leur actif dans les prochaines années. Personne ne peut non plus écarter avec assurance le scénario d'une fonte significative des actifs, et, conséquemment, des investissements en capital de risque au Québec.
L'approche n'est pas loin d'être irresponsable et il est étonnant que monsieur Flaherty, qui intervient auprès des banques pour quelques points de taux hypothécaires, ne se soit pas plus sérieusement interrogé sur ses conséquences. D'autant que son souhait est de voir le capital de risque augmenter.
Si l'on jugeait qu'il y avait trop de capitaux au Fonds de solidarité, plutôt que de retirer le crédit d'impôt, il aurait été plus sage d'abaisser la hauteur du financement admissible au crédit que ces fonds peuvent aller chercher dans le public. L'approche aurait créé beaucoup moins d'incertitude. On aurait alors à tout le moins eu un flux prévisible de capitaux.
Ce n'est que le début
Ce n'est que le début
Le dernier chapitre augure mal pour les relations entre le Québec et Ottawa dans les années à venir. Quel que soit le gouvernement en place (libéraux et caquistes ont notamment aussi dénoncé la décision sur les fonds de travailleurs).
D'autant que, malgré les apparences, le gouvernement du Canada est en voie de connaître des années de vache grasse.
À l'automne, le directeur parlementaire du budget, un organisme indépendant chargé de mieux informer les parlementaires, publiait un intéressant rapport sur la viabilité financière de la structure budgétaire fédérale dans l'avenir.
Le calcul concluait qu'en projetant sur une longue période les finances publiques, à travers différents cycles économiques, la structure fédérale offrait une latitude annuelle se situant à 25 G$. Dit autrement, malgré un déficit anticipé de 18 G$ pour 2013, si le gouvernement abaissait cette année les impôts de 25 G$ ou augmentait les services d'un montant équivalent, il maintiendrait quand même à long terme ses finances à l'équilibre.
Pendant ce temps, le directeur parlementaire prévoit que les finances provinciales vont se détériorer graduellement si leurs administrations tentent de maintenir à flot leur système de santé.
Morale de l'histoire?
L'argent sera de plus en plus au fédéral et de moins en moins au provincial.
« Money talks », dit l'expression. Celui qui détient l'argent, détient le vrai pouvoir.
C'est pourquoi l'on dit que la colère de monsieur Marceau ne fait que commencer.
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