BLOGUE. C'est avec étonnement que l'on a vu tomber la nouvelle: l'ancien grand patron de la Caisse de dépôt, Jean-Claude Scraire, reprend du service comme président du conseil d'administration d'Investissement Québec.
Si quelqu'un nous avait dit que monsieur Scraire serait nommé chez Investissement Québec comme administrateur, on aurait assurément tenu le pari. Et avec plus de confiance encore dans notre mise si la gageure avait porté sur la présidence d'IQ.
C'est que les dernières années de Jean-Claude Scraire à la Caisse de dépôt ont été pour le moins mouvementées. Une convergence de calamités.
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Il y eut eu la saga Vidéotron, et une surpondération dans le secteur des technologies, qui conduisirent d'abord à de fortes pertes lors de l'éclatement de la bulle des années 2000. Quelques mois après le départ de monsieur Scraire, la Caisse rapportait pour son exercice 2002 un rendement négatif de 9,5%, une performance de dernier quartile.
Dans les mêmes moments, le Vérificateur général du Québec révélait que les 30 M$ investis dans Montréal Mode ne valaient pratiquement plus rien, et que le nouveau siège social de la Caisse aurait une valeur marchande de 37% inférieure à son coût de construction (418 M$).
Il n'en fallait pas plus pour déclencher une véritable vindicte populaire contre monsieur Scraire.
Une bonne décision?
Une bonne décision?
On comprend donc la surprise que peut causer l'annonce de son arrivée à la présidence du conseil d'administration.
Confession: on a toujours personnellement apprécié Jean-Claude Scraire. Il est accessible, simple, et a de la vision.
Bien que fortement critiqué, l'investissement dans Montréal Mode était une bonne idée. La Caisse perd plus de 30 M$ dans nombre de ses placements qui ne fonctionnent pas. Ce n'était pas une grosse somme. Il était intéressant de tenter de donner de l'élan aux designers montréalais et d'essayer de positionner la métropole sur le circuit mondial de la mode.
C'est l'exécution qui fut un total échec.
Idem pour la construction du siège social de la Caisse.
Cela dit, l'investissement a depuis récupéré en valeur (350 M$ au rôle d'évaluation 2011 de la Ville de Montréal) et s'approche probablement aujourd'hui de sa valeur d'origine.
Pas une consolation, dira-t-on. Vrai.
Il a néanmoins été fort structurant. Près de 2 G$ ont été investis depuis dans des constructions comme la Tour Altoria, l'hôtel Westin, l'immeuble de condos Saint Antoine ou encore le complexe Les Étoiles.
Il y a une dizaine d'années, un touriste d'affaires qui venait au Palais des congrès pour trois jours et qui en sortait n'avait pas nécessairement envie d'y revenir. Aujourd'hui, c'est bien différent. L'investissement de la Caisse a permis de donner à Montréal un levier touristique qu'il est impossible de quantifier, mais qui vient réduire, d'un point de vue économique, la perte financière papier du siège social.
Il est à noter qu'à l'époque, la mission de la Caisse était encore moins précise que maintenant, et que certains estimaient qu'elle n'avait pas à uniquement agir en fonction du rendement.
La nomination de Jean-Claude Scraire comme président du conseil d'Investissement Québec sera probablement dénoncée par plusieurs. Et, comme on le voit, les munitions ne manquent pas.
À la différence de son passage à la Caisse, ce n'est cependant pas lui qui sera cette fois chargé de l'exécution de la stratégie et des projets.
On donnerait une seconde chance au coureur. Tout en devenant un peu plus nerveux quant au contrôle du risque chez Investissement Québec.
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