BLOGUE. Si on ne va pas en élection sur la charte des valeurs, y ira-t-on sur la mise à jour économique?
C'est une intéressante pirouette qu'a effectué mercredi le gouvernement. Suspecté depuis quelques semaines de vouloir tenir des élections pour profiter d'un sentiment relativement favorable à la charte chez les francophones, le voilà qui bat en retraite devant l'incertitude et déclare qu'il n'y a pas d'urgence pour des élections.
Notre lecture: la balle électorale vient de passer du côté de l'opposition. À vous libéraux et caquistes de décider si on ira en élections. Ce n'est pas au Lac Taureau que se prendra la décision, mais lors du dépôt de la mise à jour économique du Québec.
Il n'y a pas de certitude sur l'ampleur du manque à gagner vers lequel se dirige actuellement la province. Certains parlent de 1G$, d'autres de 2G$.
Il y a cependant une quasi-certitude. Nous devrions rater la cible pour cette année (celle annoncée aux marchés financiers, pas nécessairement celle prévue à la loi), et constater que celle pour l'an prochain sera encore plus difficile à atteindre, notamment en raison de la nouvelle politique économique du gouvernement.
Pour cette année, la politique ne crée pas réellement d'alourdissement de dépenses. L'an prochain cependant, elle créera un trou supplémentaire de 282,1 M$ dans le budget (et des trous de 198,4 M$ en 2015-16 et de 145,5 M$ en 2016-17). Ne cherchez pas ces chiffres dans les documents gouvernementaux, on ne les y a pas mis. Mais il faudra bien les mettre dans la mise à jour.
Déjà, pour l'an prochain, il restait pour 430 M$ de mesures à identifier afin d'atteindre la cible. C'est dire que si on veut atteindre l'objectif, il y aura pour 700 M$ de mesures de compressions supplémentaires nécessaires (282,1 M$ + 430 M$). Et c'est sans compter le chemin qu'il faudra en premier lieu parcourir pour se rendre à la cible que l'on aura ratée cette année (le fameux manque à gagner spéculé de 1G$ ou 2G$). Vous voyez la somme potentiellement en jeu (entre 1,7 et 2,7 G$?).
La table est toujours mise pour des élections
Bref, dans le contexte où certains soutiennent que l'État ne doit pas compresser afin de soutenir l'économie, la mise à jour économique pourrait bien amener sur l'échiquier la question de savoir s'il faut amender la loi sur l'équilibre budgétaire.
Et même si un débat ne devait pas porter sur un amendement à la loi, on voit mal comment, devant l'ampleur des mesures à prendre, la question de la confiance dans le gouvernement pourrait être évitée.
La table est toujours très bien mise pour le déclenchement d'élections.
Ce n'est pas en mars, lors du prochain budget, qu'arrivera la discussion économique ouvrant la porte à un renversement de gouvernement. C'est dans quelques jours.
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