BLOGUE. L'Association des courtiers hypothécaires accrédités invite le ministre fédéral des finances, Jim Flaherty, à assouplir les règles en vigueur sur le marché de l'habitation et à bonifier le crédit d'impôt aux premiers acheteurs. Surtout, restez ferme, monsieur Flaherty!
Le Globe and Mail rapporte qu'à la veille du budget, l'organisme fait du lobby auprès du ministre devant le ralentissement du marché immobilier canadien. L'Association suggère de maintenir la règle du 25 ans pour la qualification à une hypothèque résidentielle, tout en permettant cependant d'étaler l'emprunt sur 30 ans. Elle aimerait également que le crédit d'impôt de 750 $ aux premiers acheteurs soit bonifié.
Officiellement, la démarche a pour but d'aider les jeunes familles à accéder à la propriété.
Officieusement, il est difficile de ne pas plutôt voir chez l'Association des craintes quant au niveau d'émoluments de ses membres. Alors que les prix se maintiennent dans l'immobilier et progressent même encore légèrement, les volumes subissent de fortes corrections. La Chambre immobilière du grand Montréal rapporte par exemple que le nombre de transactions a diminué de 22% en février par rapport à l'an dernier. Les revenus des courtiers hypothécaires dépendent en bonne partie des volumes de transaction.
Il est vrai que la diminution du nombre de transactions est peut-être prémisse d'une baisse des prix dans les prochains mois. Quand bien même cela surviendrait, ce ne serait pas mauvaise chose.
Plusieurs économistes estiment que les autorités monétaires et réglementaires ont été trop accommodantes avec le marché de l'emprunt. Les ratios d'endettement des consommateurs canadiens font maintenant craindre pour l'économie. Il faut que le feu baisse, et non qu'il se maintienne.
Les mesures prises par le gouvernement avaient justement cet objectif. Lorsqu'un excès est corrigé, les bénéficiaires de cet excès ne doivent pas s'attendre à pouvoir continuer d'en jouir.
Augmenter le crédit d'impôt aux premiers acheteurs ne ferait en outre que grever davantage les finances publiques, au moment même où le gouvernement annonce qu'il devra y aller de mesures supplémentaires pour ne pas rater ses cibles budgétaires.
Le marché immobilier a livré ces dernières années une croissance de valeur au-delà de la moyenne historique. Un certain nombre d'économistes, dont ceux de la TD, estiment maintenant qu'il pourrait continuer d'avancer dans les prochains 10 ans, mais seulement au rythme de l'inflation.
Il n'y a pas là de signal avant-coureur d'une correction excessive.
Si jamais la chose survenait, le gouvernement serait peut-être fondé d'intervenir pour rétablir la confiance. Mais à l'heure actuelle, ce serait servir l'intérêt particulier plutôt que l'intérêt public.
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