BLOGUE. Les événements se bousculent dans le dossier du gaz de schiste. Après la décision du gouvernement du Québec d'envoyer le dossier au BAPE, voilà que l'on apprend que l'ex-premier ministre Lucien Bouchard a remis sa démission de l'Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ).
La décision vient confirmer que le Québec n'est vraiment plus sur l'écran radar de Talisman Energy. On aurait pu penser qu'elle aurait continué à entretenir ses intérêts pour tenter d'éventuellement pouvoir mettre en valeur ses propriétés des basses-terres du Saint-Laurent. Il n'en est rien. Elle s'est totalement retirée de l'APGQ, et a cessé de payer le salaire de Lucien Bouchard. D'où le départ de ce dernier (fort compréhensible sachant qu'il est redevable de son temps à son cabinet Davies Ward Phillips).
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Il serait intéressant de savoir ce que pense monsieur Bouchard de la dernière décision du gouvernement. Et il serait aussi intéressant de savoir ce qu'en pense l'APGQ. Celle-ci n'était toujours pas prête à réagir jeudi, souhaitant au préalable consulter ses membres.
À l'automne, Lucien Bouchard s'était interrogé plutôt négativement sur la volonté de Québec de renvoyer le projet au BAPE et sur la possibilité d'un moratoire. Mais des inquiétudes flottaient aussi à l'époque sur la question du pétrole, un enjeu où l'État fait cette fois montre de beaucoup moins de réticence.
La décision de Québec est la bonne, mais…
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La décision de Québec est la bonne, mais...
La décision de Québec de déférer le dossier au BAPE et de tenter d'introduire un moratoire pour les activités gazières dans les basses-terres du Saint-Laurent est la bonne.
Tout comme, rétrospectivement, l'était celle de créer un comité pour mener une évaluation environnementale stratégique. Ce comité ne faisait pas l'unanimité quant à sa composition. Talisman y avait notamment un représentant. Cette présence devrait cependant normalement avoir eu pour corollaire d'assurer que tous les volets que l'industrie souhaitait voir couvert par des études, l'aient été.
C'est 78 études qui devraient maintenant être transférées au BAPE, un forum qui permettra à chacun d'attaquer, de nuancer, ou encore, de reconnaître leur validité.
Le forum sera doté de commissaires qui auront pour mission d'arbitrer et faire des recommandations. Sans cet exercice, plusieurs citoyens auraient probablement été sous l'impression de ne pas avoir été entendus. Ce qui aurait augmenté le risque d'un nouveau dérapage drapé sous un motif de légitimité.
Le défi sera maintenant pour le BAPE de nommer un panel de commissaires dont l'objectivité soit dès le départ reconnue par la collectivité.
Un défi difficile. Le gouvernement a une lourde pente à remonter, après le limogeage automnal du président et du vice-président du BAPE, et leur remplacement par Pierre Baril et Louis-Gilles Francoeur.
Les dernières passes d'armes sur la politisation du BAPE au cours de l'ère libérale, et sa soi-disant dépolitisation sous la nouvelle ère péquiste, n'aideront pas à l'exercice. Souhaitons que parmi les 25 commissaires à temps partiel que compte l'organisme quelques-uns aient un pedigree de nature à rallier la confiance de tous les camps.
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