BLOGUE. Ceux qui s'attendaient à assister à du brasse-camarade à l'assemblée générale annuelle du Mouvement Desjardins seront déçus. Peut-être y en aura-t-il, mais on ne le saura guère. Les 1500 ou 1 600 participants ont discuté vendredi après-midi à huis clos. Et c'est en l'absence des journalistes que se poursuivent aussi les échanges cette fin de semaine.
La présidente du Mouvement, Monique Leroux, a expliqué qu'il y avait notamment un certain nombre d'enjeux stratégiques dont il valait mieux ne pas informer la concurrence.
Le motif n'est pas sans fondement, mais la façon de faire n'est pas non plus propice à faire mieux comprendre aux membres ce qui se passe chez Desjardins.
Personne n'a oublié la récente sortie d'Yves Michaud, qui proposait de créer un Mouvement de surveillance de Desjardins. On peut caricaturer monsieur Michaud, et être en désaccord avec ses doléances (nous sommes personnellement en désaccord avec la plupart), mais sa sortie n'en a pas moins rallié quelques appuis assez sentis.
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L'un d'entre eux, l'avocat André Bois, de Québec, un proche de monsieur Michaud, s'interrogeait notamment récemment sur les modes d'expansion de Desjardins. Il doutait de la pertinence de la prise de contrôle de Western Financial Group dans l'Ouest canadien. « Chevalier de la coopération au Québec, capitaliste en Alberta. Quelle est cette étrange alliance de Desjardins avec Bank West, une banque réglementée par la Loi sur les banques? » écrivait-il?
Le critique avait aussi un doute sur Desjardins Sécurité Financière et Assurances Générales Desjardins, « des filiales qui ne sont pas organisées sous le principe coopératif de la mutualité (les bénéfices vont aux membres de la mutuelle), mais sous celui capitaliste des sociétés par action (les bénéfices vont à la Fédération) ».
Pourquoi est-ce ainsi?
Il est à peu près certain que la direction de Desjardins a des réponses intéressantes à ces questions. Et à plusieurs autres.
La façon dont est actuellement construit l'exercice de reddition de comptes ne permet malheureusement pas à un membre de les poser à la haute-direction et d'obtenir les explications nécessaires.
Ce qui, avec le temps, est susceptible d'engendrer de la frustration, de l'incompréhension, et une perte de confiance.
Desjardins n'aime pas l'enflure et préfère que les choses se passent calmement.
Une illustration en a été donnée en conférence de presse. Sur le projet d'allongement des heures d'ouverture des caisses et de l'inter-coopération nécessaires entre elles, un journaliste s'est interrogé sur un possible choc de conventions collectives et a avancé qu'il s'agissait d'une « révolution ».
Madame Leroux a aussitôt corrigé en parlant plutôt d'une « évolution ».
Les pratiques de transparence et d'écoute des membres n'ont pas nécessairement besoin non plus d'une révolution. Mais une évolution, tranquille, serait souhaitable.
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