BLOGUE. Comment faire pour arriver à l'équilibre lorsque l'on fait face à un retard de 1,6 G$ à résorber sur six mois?
C'est le premier défi auquel faisait face le ministre des finances Nicolas Marceau avec ce budget. Au mois de septembre, les dépenses du gouvernement roulaient sur un dépassement de 1,1 G$, pendant que ses projections de revenus faisaient voir un manque à gagner de 500 M$.
On ne cachera pas que notre surprise a été assez grande en constatant que le gouvernement réussissait à tout équilibrer en faisant appel à seulement 95 M$ de revenus supplémentaires (en provenance de la hausse de taxe sur le tabac et l'alcool, de même qu'en haussant la contribution financière des institutions financières).
En fait, on a encore de la difficulté à voir comment tout cela s'équilibre et il nous faudra creuser davantage. Une bonne partie de la réponse semble cependant se trouver dans le fait qu'on passe la puck à l'année suivante.
SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT
Ce n'est pas pour rien qu'en 2013-2014, un effort supplémentaire de 854 M$ sera effectué aux dépenses et qu'on demande à Hydro-Québec, Loto-Québec et la SAQ de faire plus (290 M$). En plus d'abolir quelques mesures introduites par les libéraux comme la bonification des crédits d'impôt aux travailleurs de 65 ans et plus.
Au final, la bonne nouvelle est que, sur papier, on atteint la cible budgétaire à la fois pour l'exercice en cours et celui de l'an prochain.
La question reste de savoir si, dans la réalité, la cible 2013-2014 pourra être atteinte. Ces dernières années, on a constamment eu de la difficulté à atteindre les cibles de dépenses.
Bref, l'approche semble cohérente, mais on ne conclurait pas tout de suite que le tour de force est réussi.
Un mot sur la dette
Un mot sur la dette, l'autre repère qu'ont à l'œil les agences de notation.
Le gouvernement faisait face à une autre difficulté avec sa promesse d'éliminer la hausse du prix de l'électricité (bloc patrimonial) décrétée par les libéraux. Le gouvernement Charest prévoyait que le ratio dette brute/PIB continuerait de grimper jusqu'en 2013-2014, mais commencerait après coup à reculer, principalement grâce à la hausse des tarifs de l'électricité patrimoniale. Introduites graduellement, ces hausses devaient rapporter dans trois ans près de 1G$.
Malgré l'abolition de la hausse du bloc patrimonial, c'est mission accomplie ici aussi. Le rapport dette/PIB devrait même décroître dans les prochaines années.
Il n'y a cependant pas de magie.
Le PQ a décidé en quelque sorte de couper la poire en deux dans le dossier de l'électricité en indexant plutôt son prix. Cela lui permet de récolter 395 M$ (sur quatre ans).
Surtout, l'atteinte des cibles provient en grande partie du ralentissement des investissements en infrastructures. Ce ralentissement fait baisser les emprunts. Au net, on mettra 900 M$ de moins en immobilisations en 2013-2014 que ce qui était prévu dans l'ancien budget. Seulement à ce niveau on récupère l'abolition de la hausse du bloc patrimonial.
L'allongement de la période des investissements en infrastructures est une bonne décision dans le contexte. Il devrait faire baisser les coûts.
Quelques commentaires rapides sur d'autres mesures ou situations
Quelques commentaires rapides sur d'autres mesures ou situations
-Il manque encore 430 M$ de mesures à identifier pour 2014-15. C'est moins que les 850 M$ qui restaient à identifier sous les libéraux, mais il aurait été vraiment souhaitable que la chose soit faîte.
- La plus importante mesure à nos yeux est la décision de Québec de créer un congé fiscal de 10 ans pour les grands investissements manufacturiers de plus de 300 M$. C'est un bon signal pour les entreprises de transformation. La limite dans le temps est intéressante pour les finances publiques. S'il y a du potentiel de transformation des ressources naturelles au Québec, on devrait bientôt le savoir.
-L'abolition de la règle des 15 ans est aussi une bonne chose. Le gouvernement offrait une protection accrue aux brevets des grandes pharmaceutiques. La mesure a à l'époque contribué à générer d'importants investissements de sociétés de recherche à Montréal. Mais avec la baisse du prix des médicaments génériques, elle nous coûtait aujourd'hui nettement plus cher qu'elle ne rapportait. D'autant que les pharmaceutiques ne semblaient plus accorder un traitement favorable à la métropole lorsqu'il s'agissait de procéder à de l'attrition.
-Le Fonds des générations est maintenu. Une bonne décision. À long terme, on devrait obtenir de meilleurs rendements avec l'outil que le rendement que l'on obtient en remboursant de la dette.
-Le ministre Marceau n'écarte toujours pas la possibilité d'amender la mission de la Caisse de dépôt pour la forcer à accentuer ses investissements au Québec. «Un changement si nécessaire, mais pas nécessairement», a-t-il dit, en laissant entendre que tout dépendrait du comportement de l'institution. On ne devrait pas rouvrir ce débat. La Caisse est consciente de l'importance de son rôle au Québec et doit équilibrer celui-ci avec la gestion du risque et l'accroissement de la valeur du portefeuille des déposants.
SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT
PLUS :
Budget: Marceau atteint les cibles et annonce « une action coup de poing »
Congé fiscal pour les projets majeurs
Les hausses d'impôt commenceront dès le 1er janvier
Loto-Québec, Hydro-Québec et la SAQ feront leur part
La règle des 15 ans tombe: les pharmaceutiques compensées
La Banque de développement économique du Québec au secours des régions
Québec n'interviendra pas dans les affaires de la Caisse
Les redevances minières sur la glace
Infrastructures: des milliards en moins
Crédit d’impôt à l’investissement prolongé
RVER: un projet de loi d’ici le printemps 2013
Fardeau plus lourd aux institutions financières
Budget : trois politiques économiques à venir
Travailleurs âgés: des allègements annulés