BLOGUE. Devrait-on s'inquiéter de la nouvelle ligne d'avions qu'est à mettre au point Embraer? Particulièrement à Montréal?
En marge des interrogations sur le premier vol du CSeries, et sa date de mise en service, la question a continué de nous trotter dans la tête, jeudi, après la conclusion de la conférence téléphonique de Bombardier.
Réglons tout de suite la question du premier vol du CSeries. Rien de nouveau n'est vraiment ressorti. Bombardier parle toujours d'un premier vol qui devrait avoir lieu dans quelques semaines, suivi d'un programme d'essais de 12 mois. Les délais jusqu'ici encourus ne sont pas, de l'avis de la direction, de nature à altérer le plan d'affaires pour l'appareil.
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S'il y a une bonne nouvelle, c'est que les délais ne semblent pas attribuables à des enjeux technologiques, mais à des questions techniques. Pierre Beaudoin a donné l'exemple de mauvais branchements de fils dont la correction pouvait demander plus de temps que prévu.
La menace Embraer
Quelques questions sont cependant aussi venues sur la nouvelle famille d'avions sur laquelle planche Embraer.
L'avionneur brésilien veut remotoriser ses appareils, modifier leurs ailes, et augmenter la capacité de son plus gros porteur. La nouvelle famille E-Jet offrira des modèles d'avions qui pourront transporter de 70 jusqu'à 144 passagers.
Sur papier, la nouvelle famille d'avions n'apparaît pas une formidable menace pour le CSeries (100-149 passagers). La direction d'Embraer soutient que son plus gros porteur offrira une économie de coût par siège de 5% par rapport au A319neo, le nouvel appareil remotorisé d'Airbus. Or, comme le notait récemment l'analyste Cameron Doerksen, de Financière Banque Nationale, le CS300 de Bombardier doit de son côté offrir un avantage de 12% sur le A319neo.
Monsieur Beaudoin n'a pas semblé non plus trop préoccupé. Il a laissé entendre qu'il serait difficile pour un "appareil dérivé" d'obtenir une meilleure performance que le CSeries, un tout nouvel appareil. Il a aussi indiqué que les nouveaux appareils n'arriveraient pas dans le marché avant 2018-2020, et que le CSeries y serait déjà bien installé.
Il reste à voir à quel prix Embraer vendra ses nouveaux appareils, qui devraient normalement avoir nécessité moins d'investissement en capital, mais bon.
Là où les choses se compliquent
Là où les choses se compliquent
Là où les choses se compliquent davantage cependant, c'est avec les autres avions régionaux de Bombardier, les actuels CRJ.
La bataille est féroce dans le créneau. La part de marché de Bombardier dans le 20 à 99 sièges est de 36%, celle d'Embraer de 37% (selon Bombardier).
Les appareils n'ont représenté en 2012 que 13% des revenus de la division aéronautique. Mais ils sont aussi responsables de nombre d'emplois à Montréal. Pas moins de 1 800 à l'usine Mirabel, plus un nombre indéterminé des 3800 qui fabriquent des pièces à l'usine Saint-Laurent. Il y aura bien entendu de nouvelles embauches pour le CSeries, mais le but est d'ajouter de l'effectif, non de le niveler.
Monsieur Beaudoin a indiqué que les CRJ actuels avaient un avantage marqué sur les jets d'Embraer. Ce qui n'a pas empêché Embraer de prendre bien du marché.
Lorsqu'on lui a fait remarquer que les appareils brésiliens risquaient de tout de même devenir plus compétitifs, par deux fois il a répété que Bombardier allait "s'assurer de demeurer compétitive".
Traduction maison: après le CSeries, la société pourrait bien décider d'investir dans l'amélioration de ses jets régionaux.
Ouf!
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