BLOGUE. La restructuration de la haute direction annoncée vendredi par SNC-Lavalin, et saluée par quelques analystes, devrait être reçue avec prudence au Québec. Attention Montréal, SNC-Lavalin glisse vers Londres.
Premier élément de surprise du communiqué de presse: Patrick Lamarre, le vice-président Énergie mondiale, remet sa démission.
Monsieur Lamarre est le fils de l'ancien grand patron Jacques Lamarre. Ses fonctions l'amenait à résider en Ontario, là où sont notamment les réacteurs Candu. Depuis le départ de Pierre Duhaime, il n'en était pas moins la dernière figure emblématique québécoise au Bureau de direction de l'entreprise.
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Ce bureau compte actuellement 13 membres, plus deux postes à pourvoir. Il s'y trouve encore cinq Québécois d'origine et un Québécois d'adoption.
Ce n'est pas une absence totale de représentation, mais les postes occupés par des gens d'ici ne sont pas nécessairement les plus stratégiques du groupe (un est aux ressources humaines et un autre au contentieux).
Le départ de monsieur Lamarre n'a pas été expliqué, l'entreprise se bornant à indiquer qu'il quittait pour des raisons personnelles.
Il est aventureux de présumer des motifs de départ d'un dirigeant en temps ordinaire. Avec tout le brouillard éthique qui entoure SNC-Lavalin ça l'est encore plus cette fois.
Le plus préoccupant reste à venir
Le plus préoccupant reste à venir
Force est néanmoins de constater qu'avec le départ de monsieur Lamarre, la représentativité québécoise au sein de la direction de SNC vient encore de s'affaiblir. Et que la société est aujourd'hui dirigée par un numéro un américain et un numéro deux anglais.
La restructuration annoncée par Robert Card vient en effet créer une nouvelle division Ressources & Environnement, qui sera dirigée par le britannique Neil Bruce, et sera basée à Londres.
La nomination de monsieur Bruce, un ancien de Amec, a été bien accueillie par les analystes financiers, qui voient en lui un gestionnaire intelligent doté d'un bon réseau de contacts.
Il faut reconnaître que SNC est une société d'envergure mondiale et comprendre qu'avec les derniers événements, elle croit nécessaire de démarcher directement plutôt que par des représentants. Dans le contexte, il est normal qu'elle étendre ses tentacules un peu partout et cherche à rapprocher sa direction des marchés les plus éloignés.
Il est cependant plus préoccupant de constater que la nouvelle division représentera entre 38% et 45% des revenus de SNC. C'est de loin celle qui en mènera le plus large dans la société.
-Est-ce que cette situation entraînera un mouvement de personnel du siège social de Montréal (de même que de Toronto) vers Londres?, a-t-on demandé à SNC.
« Nous demeurerons une entreprise établie au Québec, tout en assurant une forte présence canadienne, et aucun transfert n'est prévu pour le moment », a répondu la porte-parole, Leslie Quinton.
Tous auront noté le « pour le moment ».
D'autres annonces sur la réorganisation de SNC devraient suivre dans les prochains mois.
Restons vigilants.
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