Quel est le titre le plus intéressant : Apple, Google ou Facebook ?
La question nous a été posée à quelques reprises ces dernières semaines. La meilleure façon d'y voir clair est sans doute de mettre en parallèle pour chacun des scénarios, optimiste et pessimiste, et de trancher ensuite en faveur de l'un ou de l'autre.
Allons-y donc.
Apple (AAPL, 453,73 $ US)
Après avoir franchi les 700 $ US en septembre, le titre a chuté de plus de 35 %. Le marché doute des futures ventes de l'iPhone.
> Le scénario optimiste. Le dernier aperçu de la société était décevant, mais cela ne veut pas dire que la croissance est terminée. De nouveaux produits sont dans les cartons. Il y aurait notamment pour plus tard cette année des projets pour un nouvel iPhone à écran plus large et pour un autre, moins cher, destiné aux pays émergents. Ces marchés sont importants et restent à saisir. Le recul du titre est une occasion d'entrée.
> Le scénario pessimiste. Le marché du téléphone intelligent commence à afficher des signes de maturité dans les pays développés. L'offre Android permet d'avoir accès à des applications tout aussi pertinentes avec un coût d'acquisition de l'appareil moins élevé. Les prochaines innovations de l'iPhone seront de moindre importance. Cela fera en sorte que l'appareil se distinguera moins, et le contexte concurrentiel forcera Apple à diminuer le prix de ses appareils et de ses tablettes. La marge bénéficiaire sera sous pression. Et les bénéfices reculeront.
SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT
> Le verdict. Il se pourrait bien que l'élan boursier d'Apple tire à sa fin. Le titre ne se négocie toutefois qu'autour de 10 fois le bénéfice attendu en septembre 2013 (marché à 14 fois). Si l'on tient compte de l'encaisse, il n'est qu'à 7 fois. Un recul des bénéfices est déjà pas mal pris en compte. Le risque d'un replis important du titre semble contenu. Et l'arrivée de l'iPhone pour les marchés émergents pourrait faire grimper les multiples assez rapidement. On aimait Apple, on l'aime encore, mais c'est celui qu'on aime désormais le moins des trois.
Facebook (FB, 29,73 $ US)
Le titre évolue en montagnes russes depuis son arrivée en Bourse au printemps 2012. Il est passé de 38 $ à 17 $ US, pour finalement revenir à plus de 31 $.
> Le scénario optimiste. Facebook compte environ un milliard d'utilisateurs mensuels et l'entreprise en apprend un peu plus sur chacun à chaque jour. Celui qui peut garantir à l'annonceur que sa publicité rejoint exactement le public qu'il cherche peut non seulement lui vendre la nécessité d'être présent dans son média, mais aussi lui demander un haut prix. L'entreprise développe différentes offres. Il y a quelques mois, elle a lancé les histoires commanditées. Celles-ci ont généré 200 M$ US au dernier trimestre, et la Deutsche Bank voit 800 M$ US entrer chaque trimestre à la fin de 2013. Facebook vient aussi d'élaborer un nouveau moteur de recherche, Graph Search qui, en croisant les intérêts des utilisateurs, devrait finir par créer un environnement publicitaire important.
> Le scénario pessimiste. Le titre se négocie à 52 fois le bénéfice prévu en 2013, ce qui est un multiple trop élevé. Facebook a beau connaître ses usagers, rien ne garantit qu'elle réussira à monétiser son contenu. Son nouveau moteur de recherche n'a pas encore de plan publicitaire et demandera d'importants efforts de programmation avant d'être efficace.
> Le verdict. D'accord avec les pessimistes, le multiple est élevé. Et il est fort possible que le titre continue d'évoluer en montagnes russes au cours des prochains mois. L'entreprise a cependant tout ce dont rêve une société de médias. Et les leviers publicitaires finiront par être construits. Qui achète le titre aujourd'hui, et n'y jette un coup d'oeil que dans cinq ans, pourrait avoir une étonnante surprise.
Google (GOOG, 775,60 $ US)
Le titre a grimpé de 20 % sur un an.
> Le scénario optimiste. Il y a quelques semaines, les autorités américaines ont annoncé la fin d'une démarche antitrust sans que l'entreprise soit forcée d'altérer de manière importante son modèle. Lorsque les autorités antitrusts vous courent après, c'est que bien peu de concurrents peuvent vous faire mal. Google aussi est en mesure d'offrir de la publicité ciblée. Et personne n'est actuellement capable de la battre.
> Le scénario pessimiste. Le trafic Internet provient de plus en plus d'appareils mobiles, et les tarifs des publicités sur ces appareils sont inférieurs. Les annonceurs ne sont pas prêts à payer aussi cher en raison des positionnements offerts. La marge bénéficiaire de Google deviendra sous pression au fur et à mesure que la tendance se poursuivra.
> Le verdict. Google ajoute des produits et, à part Facebook, on a de la difficulté à voir qui peut lui faire mal. L'évaluation de l'action est relativement faibles (17 fois le bénéfice prévu, ou 13 fois, en tenant compte de l'encaisse). C'est aligné sur les multiples de marché. La probabilité est assez forte que Google fera encore mieux que le marché pour un certain temps. Du trio, c'est notre préféré.
SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT
blogue > www.lesaffaires.com/francois-pouliot
francois.pouliot@tc.tc