BLOGUE. Intéressante décision que celle du Bureau de la concurrence d'autoriser Bell à acquérir une Astral Media démembrée. Dans le projet initial, le CRTC estimait que Bell contrôlerait 33% du marché télévisuel au Québec. Cette fois Bell estime sa part à 23%. Énorme concession, dîtes-vous? Pas vraiment.
Au plan financier, on n'a pas fait tous les calculs, mais quelque chose nous dit que Bell devra prendre quelques millions de radiations au terme du processus de revente des actifs francophones et anglophones. C'est négligeable dans le grand tout du conglomérat.
Au plan stratégique, elle s'en sort cependant fort bien, et ne semble pas laisser partir de chaînes très importantes.
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Elle conserve Super Écran (la vache à lait), Canal Vie, Canal D et Z qui sont les chaînes au cœur des activités d'Astral. De même que deux puissants réseaux de radios (NRJ et Rouge). On peut sans grand risque de se tromper affirmer que c'est de toute façon surtout sur ces chaînes que devaient s'effectuer les investissements en production et en promotion, dans le plan de match initial.
PLUS: Le Bureau de la concurrence autorise l'acquisition d'Astral par Bell
On laisse aller Séries +, qui avait une bonne part d'auditoire et une excellente rentabilité, de même qu'Historia, qui avait une faible part d'auditoire, mais une rentabilité intéressante. Personne ne niera qu'il s'agit d'une renonciation, mais il faut savoir qu'Astral n'était propriétaire que de 50% de ces chaînes, l'autre 50% appartenant à Shaw (qui le cède à Corus dans une transaction parallèle). Au plan stratégique, ne détenir que 50% de chaînes n'est pas fameux, on ne peut pas vraiment les utiliser comme on le souhaiterait. Il faut toujours tenir compte de l'intérêt de l'autre actionnaire. Qui n'est pas toujours convergent avec le nôtre. Et on ne peut pas non plus utiliser les flux de trésorerie ailleurs.
Passe aussi dans le délestage, Télétoon et Télétoon Rétro, des chaînes avec une assez grande part d'auditoire, mais qui, encore ici, n'étaient détenues qu'à 50%, l'autre actionnaire étant Corus. Le même raisonnement prévaut au plan stratégique. D'autant que cette fois, Bell peut se consoler en se disant qu'elle conserve Vrak. La chaîne est dans le même créneau, et sa rentabilité, qui est très bonne, pourra peut-être même être accentuée maintenant que les achats de contenus n'auront plus à être dilués.
Quoi d'autre s'en va?
Ah oui: MusiquePlus et Musimax. C'est à première vue un gros abandon, et un levier promotionnel qui aurait pu être intéressant pour evenko avec tous les spectacles qui sont produits. Mais c'est un levier qui est à peine rentable (1 M$ de bénéfice avant intérêts et impôt pour Musique Plus et 190 000$ pour Musimax), et semble en perte de vitesse avec l'émergence des iPod et Youtube de ce monde.
La suite des choses?
La suite des choses?
La balle est maintenant dans la cour du CRTC. Avec l'approbation du Bureau de la concurrence, quelque chose nous dit que l'affaire est dans le sac. Du moins en ce qui concerne le Québec.
Comme on le voit, Bell abandonne peu, mais sa part de marché de 23% est nettement plus faible que le seuil de 35% qui, selon la politique du CRTC, doit déclencher un examen plus important.
En fait, on peut même se demander si la porte ne vient pas de s'ouvrir à nouveau pour une acquisition de V télé.
L'an dernier, la part de marché de V était réputée être autour de 8%. Cela porterait à 31% la présence de Bell chez l'auditoire francophone. La part de marché du côté anglophone dans le projet actuel est à 35,7%. Si jamais le CRTC approuvait pour le Canada anglais, il lui serait difficile de ne pas accorder plus tard son imprimatur à Bell pour V au Canada français.
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On ne peut s'empêcher en terminant de noter qu'il manque un critère de réflexion à la fois au Bureau de la concurrence et au CRTC: l'impact de la concentration culturelle.
Les grilles d'analyse ne s'attardent malheureusement qu'à l'impact pour les distributeurs et les consommateurs de radio ou de télé. Ce qui se joue actuellement est beaucoup plus large. Les autorités cautionnent la consolidation de leviers promotionnels entre peu de mains. Ces mêmes mains sont en train de lentement prendre le contrôle des scènes culturelles dans la province. Québecor aura bientôt un nouveau Colisée et les clefs de la culture dans la région de Québec. Evenko, filiale de Bell, détient 34% de l'auditoire de spectacles au Québec. Elle a déjà le centre Bell et aura bientôt un nouvel amphithéâtre à Laval. Toute entreprise capitaliste étant condamnée à la croissance, ce n'est qu'un début.
Plus de réflexion serait ici nécessaire, mais bien peu s'interrogent.
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