Oh oh, ça va mal. Voilà une importante erreur d'appréciation du risque, qui pourrait coûter cher. Comment tout cela évoluera-t-il ?
Depuis quelques jours, le chroniqueur est en prière.
Flash-back, quelques jours avant Noël.
Le prix du pétrole continue de reculer à la suite de la décision de l'OPEP de ne pas diminuer sa production. Ce jour-là, le baril WTI touche quelque chose comme 56 $ US.
- Ça y est, c'est le moment. Le temps est venu de jouer le secteur.
Pourquoi on décide de jouer
Essentiellement pour ce qui suit.
L'excédent de production actuel par rapport à la demande mondiale est évalué à 1,5 million de barils/jour. C'est environ 1,5 % de la demande mondiale, ce qui n'est pas un formidable écart.
Bien qu'il y ait des inquiétudes à l'égard de la demande chinoise, elles sont aisément contrebalancées par la reprise de l'économie américaine. Dans ce contexte, un baril à 56 $ US (et encore plus aujourd'hui à 48 $ US) est un phénomène insoutenable à long terme.
La Scotia estime qu'environ quatre millions de barils par jour deviennent non économiques au Canada et aux États-Unis lorsque le prix du baril est à 60 $ US. Ces quatre millions de barils menacés de disparition sont à mettre en relation avec le 1,5 million actuellement en trop (et on ne parle pas du reste du monde). Plus pessimiste encore, Bernstein Research indique que le tiers de la production du schiste américain n'est pas rentable à long terme avec un baril à 80 $ US.
Prix insoutenables donc. Maintenant, quel est le potentiel de remontée du baril ?
Les analystes parlent d'un certain nombre de projets pétroliers ayant des coûts à 80 $ US. Ce sont des projets qui sont menacés. Chat échaudé craint l'eau froide : il serait étonnant que les banques soient prêtes à financer dans l'avenir des projets ayant un coût de production du genre. Compte tenu du faible écart entre l'offre et la demande (1,5 % à 100 $ US le baril, assurément plus faible à un prix plus bas), il paraît cependant aussi fort probable que le prix aura tendance à s'en approcher. Le baril WTI pourrait donc rebondir à environ 80 $-85 $ US le baril.
Tels étaient les motifs soutenant notre décision d'investir dans le pétrole. Il ne restait qu'à s'asseoir sur le baril à 56 $ US et attendre la remontée.
Le casse-tête
Mais comment faire pour s'y asseoir ?
Deux possibilités semblaient intéressantes. La première : miser sur le fonds négocié en Bourse (FNB) ZEO de BMO (Tor., ZEO, 12,20 $), qui vise à reproduire le comportement du sous-indice pétrole et gaz du S&P/TSX.
Pour évaluer le potentiel de gain, on est retourné en 2009, et on a regardé à combien se trouvait l'indice lorsque, après son historique décrochage, le baril est repassé à 80-85 $ US. Rendement attendu... bien moyen. Autour de 15 %, de mémoire, alors que le baril offrait plus de 40 % (de 56 $ à 80 $ US). Les investisseurs semblaient trouver eux aussi que le creux était trop important et acceptaient d'acheter les sociétés pétrolières à un prix du baril nettement plus élevé que 56 $ US.
D'où la décision de se rabattre sur United States Oil ETF (USO, 18,44 $ US), un FNB qui tente de dupliquer les fluctuations quotidiennes du baril WTI. Un petit risque sur ce titre en apparence. Pour répliquer le comportement du WTI, le fonds joue sur des contrats à terme pétroliers (futures) qu'il fait tourner tous les mois. Au moment de notre coup d'oeil, les investisseurs anticipant un redressement des cours pétroliers au cours des mois suivants, les contrats grimpaient légèrement en valeur chaque mois. Si bien qu'une légère perte risquait d'être enregistrée à chacun des mois à venir. Mais bon, sur un rendement espéré de 40 %, il y avait quand même de l'espace.
Événement imprévu : le cours du brut, que l'on croyait au plancher, allait s'effondrer de nouveau pour toucher les 48 $ US. Curieusement, l'optimisme du marché pour l'avenir, lui, allait se maintenir. Les écarts de valeur entre chacun des contrats mensuels allaient en conséquence augmenter. Résultat des courses : si la courbe des futures ne change pas, à chaque page de calendrier dans les prochains mois, on enregistrera une perte de 1,5 % sur le simple roulement des contrats. À ce rythme, il n'est pas long qu'un rendement peut être grugé, particulièrement si la capacité prend du temps à fermer et le pétrole, à remonter.
L'espoir du chroniqueur ?
Que le pétrole remonte rapidement (avant que trop de mois ne s'écoulent), ou encore, que les investisseurs sur les contrats à terme deviennent nettement moins optimistes (et que la valeur des contrats de mois en mois se resserre).
Le scénario sombre ?
Que le pétrole ne remonte pas, mais que les investisseurs conservent ce grand optimisme de mois en mois.
D'où les prières. On a encore de l'espoir, mais avec un doute important sur ce que sera le résultat de l'expérience. Ce n'est pas le genre d'investissement que l'on aime. On croyait investir alors que l'on spécule.
Sur le radar
FNB UNITED STATES OIL ETF (USO, 18,44 $ US)
Le fonds sur un an
Source : Bloomberg
Contrats à terme (WTI)
Jusqu'en décembre 2015
Février 2015 46,67 $ US
Mars 2015 47,33 $ US
Avril 2015 48,13 $ US
Mai 2015 48,99 $ US
Juin 2015 49,80 $ US
Juillet 2015 50,60 $ US
Août 2015 51,30 $ US
Septembre 2015 52,09 $ US
Octobre 2015 52,68 $ US
Novembre 2015 53,42 $ US
Décembre 2015 54,15 $ US
Source : Barchart.com