Que faire quand la concurrence gagne en intensité et que les promotions pleuvent de partout afin de vous soutirer des parts de marché?
On avait bien hâte de voir quel plan de match Metro présenterait à ses actionnaires, lors de son assemblée annuelle, mardi.
La stratégie adoptée? On utilise un peu d'endettement pour maintenir le prix de l'action dans les prochains mois, mais pas trop, de manière à se garder suffisamment de capacité pour le jour espéré où une proie deviendra disponible.
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Les mesures défensives
Metro augmente d'abord son dividende, en retournant aux actionnaires une plus grande portion de ses profits (23%, la cible est à 25% pour les prochaines années). La société versait un dividende annuel de 1$, il sera cette année autour de 1,20 $ par action. En supposant que le marché continue de demander le même rendement de dividende qu'avant l'annonce (1,58%), c'est dire que l'action pourrait à moment donné avancer d'environ 2$.
Pendant ce temps, Metro augmente aussi son programme de rachats d'actions annuel à 7 millions, ce qui veut dire, grosso modo , que si le bénéfice et les multiples demeurent les mêmes qu'en 2013, il y aurait une création de valeur d'environ 5,30$.
Un ajout de 7,30$ sur une action qui se négocie à 63$, cela veut théoriquement dire que, sur ces simples opérations financières, le titre de Metro pourrait progresser de 11,5%.
Évidemment, comme on vient de le dire, il faut que le bénéfice tienne à son niveau actuel pour que la chose se produise, tout comme les multiples qui sont actuellement appliqués à Metro.
Les multiples devraient tenir. Le recours à un peu plus d'endettement ne viendra pas changer significativement les ratios financiers de l'entreprise dans la prochaine année, et l'humeur du marché prend déjà en compte la vive concurrence qui sévit dans le secteur.
La rentabilité de l'entreprise pourrait cependant continuer de souffrir. Et, malheureusement, ce 11,5% être complètement effacé.
Le premier trimestre est une illustration intéressante de la chose. L'an dernier (2013), le bénéfice net avait atteint 110,9 M$ et le bénéfice par action 1,12$. Cette année (2014), le bénéfice a reculé à 103,9 M$, mais le bénéfice par action s'est maintenu à 1,11$.
C'est le rachat de 6 millions d'actions qui explique le maintien du bénéfice par action et permet ainsi à l'action de Metro de se maintenir, malgré le recul de la rentabilité.
Pour les prochains trimestres, le bénéfice devrait continuer d'être en recul, mais de nouveaux rachats permettre de maintenir le cours de l'action.
Au final, si les choses se calment d'ici deux ou trois trimestres, comme semble l'espérer le grand patron Éric Laflèche, les opérations de rachat et de hausse du dividende pourraient bien procurer un 4-5% de valeur supplémentaire aux détenteurs du titre. Au pire, elles devraient lui permettre de faire du surplace.
Ce dont a besoin Metro
Ce dont a besoin Metro
Pour vraiment faire avancer son action, Metro a cependant besoin d'une acquisition.
Il y a quelques mois, Jim Durran, de Barclays Capital, identifiait quatre scénarios intéressants.
1-Acquisition de Jean Coutu. Avec un multiple raisonnable, l'analyste voyait le bénéfice de Metro grimper de 30% avec la transaction. Et des synergies subséquentes de 85 M$ (18% du bénéfice actuel).
2-Acquisition d'Overwaitea, l'épicier de l'Ouest, propriété du groupe Jim Pattison. Les 130 épiceries procureraient une solide base en Colombie-Britannique, et une rampe de lancement sur les marchés plus à l'Est. Le bénéfice par action pourrait grimper de 15% avec la transaction et les synergies à venir se chiffreraient à 68 M$.
3-Acquisition de H.Y. Louie. Un autre épicier de l'Ouest, plus modeste cependant, avec 44 supermarchés et 74 pharmacies London Drugs. L'apport au bénéfice 2014 pourrait être de 14% et les synergies à venir de 61 M$.
4-Acquisition de Katz Group. Il s'agit d'un groupe privé de 425 pharmacies, situées principalement en Ontario et dans l'Ouest (Rexall). Le bénéfice augmenterait de 7% et les synergies seraient ensuite de 12,8 M$.
Ce que sera la suite?
Personne ne le sait trop. Rien ne garantit que ces sociétés deviendront disponibles prochainement. La guerre semble moins intense dans l'Ouest et la tentation de vendre est conséquemment moins forte.
Dans l'intérim, la stratégie est bonne. On crée un peu de valeur avec des stratégies financières. Et on garde la poudre sèche en se disant qu'un jour une proie se retrouvera bien dans une situation identique à la nôtre.
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