L'acquisition de Maple Leaf Sports and Entertainment (MLSE) par Rogers et BCE est une curieuse de transaction, qui pourrait bien faire couler pas mal d'encre dans les prochains jours. Les retraités actuels et futurs de BCE se font-ils avoir?
À l'évidence, le montage financier est construit de manière à permettre à BCE de maintenir sa participation de 18% dans le Canadien de Montréal. Sauf permission, les règles de la LNH ne permettent apparemment pas de détenir une deuxième participation dans une équipe du circuit, si l'une d'elles s'élève à plus de 30%.
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Le montage actuel prévoit que BCE détiendra un intérêt de 28% dans MLSE et Rogers de 37,5%. Kilmer Sports, propriété de Lary Tanenbaum, augmentera sa participation de 20,5% à 25%. Pour compléter le financement, on amène au capital BCE Master Trust, qui est chargée de gérer les régimes de retraite de l'entreprise. Elle injectera 135 M$ et obtiendra un intérêt de 9,5%.
En additionnant l'intérêt de BCE à celui de BCE Master Trust, on arrive à une participation combinée de 37,5% pour l'entité. Une opération que BCE invite à ne pas faire en précisant que la fiducie est indépendante dans ses décisions de gestion et d'investissement.
Cette indépendance risque cependant d'être lourdement remise en question. Ce n'est peut-être qu'une coïncidence, mais on notera que BCE vient justement d'annoncer qu'elle allait recapitaliser ses régimes de retraite à hauteur de 750 M$.
L'agacement
L'agacement dans cette transaction, du moins à première vue, c'est que les retraités (actuels et futurs) paient, comme les autres, un prix très élevé, mais qu'on ne voit pas tellement comment ils pourront en retirer autant de bénéfices.
L'agacement
L'agacement dans cette transaction, du moins à première vue, c'est que les retraités (actuels et futurs) paient, comme les autres, un prix très élevé, mais qu'on ne voit pas tellement comment ils pourront en retirer autant de bénéfices.
En tenant compte de la dette, le prix payé pour MLSE est de 1,86 G$. En s'appuyant sur les chiffres de Forbes, Financière Banque Nationale calcule que la transaction survient à un multiple de 17 fois le bénéfice avant intérêts, impôt et amortissement (BAIIA à 108 M$).
C'est un prix payé énorme, particulièrement dans le contexte où le BAIIA des Maple Leaf plafonne (80 M$ en 2009, 83 M$ en 2010 et 82 M$ en 2011) alors que celui des Toronto Raptors est en dents de scie (28 M$ en 2008, 19 M$ en 2009 et 25 M$ en 2010).
À titre de comparaison, toujours en incluant la dette, des entreprises de loisirs comme Cineplex, s'échangent à 8 à 9 fois le BAIIA. Les casinos de l'univers de la Deutsche Bank s'échangent à 7-8 fois le BAIIA. Le marché boursier, qui demeure l'alternative d'investissement pour BCE Master Trust, s'échange autour de 13-14 fois les bénéfices, APRÈS intérêts, impôt et amortissement (dette non incluse cependant).
On peut comprendre BCE et Rogers de payer cher (quoique l'on n'est pas sûr de cela non plus!). Elles pourront récupérer une partie de leurs investissements en ayant recours à leurs plateformes télé, Internet et mobiles.
BCE Master Trust n'a cependant pas accès à ces leviers.
Il est vrai que les chiffres de Forbes peuvent être erronés. Il est également vrai que Kilmer Sports augmente sa participation et n'a pas accès à ces plateformes. On ignore cependant les arrangements internes de Larry Tanenbaum, qui demeure président de l'équipe et détient une société de production d'événements.
On ne conclurait pas que BCE sera forcée de se départir du CH. Mais si on était retraité de BCE, on aimerait certainement obtenir plus de détails sur l'à-propos de cette participation.