Tentons de voir quels sont les titres québécois les plus intéressants pour 2012.
- Mais prophète, n'as-tu pas dit que les indices reculeraient cette année ?
- Oui, environ de 7 % à New York et de 10 % à Toronto. Cela ne veut cependant pas dire que le prophète aura raison. Les meilleurs rendements sont en outre souvent obtenus lorsqu'on achète sur faiblesse.
Histoire de dénicher les meilleures actions québécoises, on a retenu les titres de l'indice Québec IQ 30 ayant le plus fort taux de recommandations favorables («achat» ou «surperformance») chez les analystes. Le recensement est de Thomson Reuters. Nos commentaires sur chacun.
Transforce (TFI, 15,48 $)
Il y a unanimité sur ce titre : 100 % des analystes sont à «achat» ou «surperformance».
Non, le secteur du camionnage n'est pas dans une forme splendide. L'optimisme semble plutôt venir des récentes acquisitions de l'entreprise (Quick X, I.E. Miller, DHL Express Canada).
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Financière Banque Nationale prévoit que ces acquisitions feront croître les revenus de 22 % en 2012 et le bénéfice, de 43 %.
La majeure partie de l'avancée du bénéfice proviendra surtout de la restructuration de DHL Express, ce canard boiteux du colis et de l'enveloppe express, qu'on a rebaptisé Loomis et qu'on espère ramener à la rentabilité.
Le consensus est pour un bénéfice par action de 1,37 $ en 2012 et de 1,66 $ en 2013.
La cible moyenne est à 17,45 $.
On ne sait trop.
Quebecor (QBR.B, 35,25 $)
Il n'y a pas unanimité, mais c'est tout comme : 14 analystes sur 15 sont à achat ou «surperformance», un score de plus de 93 %.
Les activités «médias» pèsent sur les résultats. Qu'à cela ne tienne, le poids de ces activités n'est plus aussi déterminant qu'à une certaine époque. Au dernier trimestre, Vidéotron a généré 86 % du bénéfice et continue à faire flèche de tout bois.
Malgré l'offensive de Bell avec Fibe, les abonnements télé ont fortement augmenté. Le sans-fil continue d'attirer des clients et devrait atteindre la rentabilité plus tard cette année. La prévision de bénéfice en 2012 est 3,57 $ par action, celle de 2013, 4,26 $.
La cible moyenne est à 42,65 $.
On serait ici assez confiant.
SNC-Lavalin (SNC, 53,65 $)
Un score aussi bon que celui de Quebecor : 13 analystes sur 14 sont optimistes (92,8 %).
L'enthousiasme semble en partie justifié par le fait que SNC a remporté ces derniers mois plusieurs contrats dans le secteur des services (conseil). Ce secteur lui procure les plus fortes marges, et son carnet de commandes est passé de 1,5 G $ au début 2011 à 2,2 G $ aujourd'hui, un niveau record. C'est de bon augure pour les bénéfices.
Prudence tout de même. BMO Marchés des capitaux note que, dans les 10 dernières années, le multiple moyen appliqué au bénéfice à venir a été de 16,1. Avec une anticipation 2012 à 3,14 $ par action, le multiple actuel est supérieur à la moyenne. Pour 2013, à 3,85 $ par action, l'on n'est qu'à 13 fois le bénéfice anticipé, mais c'est un peu loin.
La cible moyenne est à 64,50 $.
Bombardier (BBD.B, 4,36 $)
Pas moins de 21 recommandations sur 24 sont favorables, un résultat étonnant (87,5 %) dans le contexte d'un titre qui a presque fondu de moitié depuis l'été.
La chute est en bonne partie responsable de l'optimisme, alors que la majorité estime le recul trop prononcé.
La CSeries ne connaît pas l'effervescence que l'on souhaiterait, mais a quand même pour deux ans de commandes. Bombardier s'attend à ce que ses ventes globales (incluant la division Transport) doublent d'ici un peu plus de cinq ans.
Dans l'intervalle, il reste néanmoins à voir si la société pourra améliorer son carnet du côté des avions régionaux, et si le carnet des avions d'affaires pourra se maintenir.
Pour l'exercice en cours, on considérerait plutôt le titre comme spéculatif.
La prévision pour 2013 (janvier) est 0,51 $ et celle pour 2014, 0,64 $.
La cible moyenne est à 6,45 $.
CAE (CAE, 10,67 $)
Un signal un peu moins fort : 14 analystes favorables sur 18 (77,8 %).
À première vue, ce n'est pas évident. Plusieurs pays dans le monde, les États-Unis en tête, sont forcés de restreindre leurs investissements militaires.
Du côté civil, les menaces de ralentissement économique ne sont pas non plus nécessairement de bon augure pour les commandes de simulateurs et de formation.
Plusieurs analystes estiment cependant que la baisse des budgets militaires pourrait bien ne pas trop affecter l'entreprise. Certains avancent même qu'elle pourrait lui être favorable : plus de formation se fera en effet désormais sur les territoires nationaux.
Quant au cycle aérien, Boeing et Airbus ont des carnets de commandes qui approchent les niveaux records atteints en 2005-2007. Une indication probable de commandes plus élevées en simulateurs et services de formation.
Peut-être.
La prévision pour 2012 (mars) est 0,69 $ par action, celle de 2012, 0,81 $.
La cible moyenne est à 12,95 $.
Ici aussi, on n'est pas trop sûr.