Tiens, tiens, serait-on sur le point d'assister à deux poussées boursières sectorielles ?
La question nous est venue, il y a quelques jours, après que l'on soit successivement tombé sur deux commentaires apparentés.
«Installation d'une poussée estivale ?» titrait le commentaire de Paradigm Capital, à propos du secteur aurifère. «La poussée énergétique se poursuit, les meilleurs choix pour la deuxième moitié de 2014», annonçait de son côté Financière Banque Nationale, en parlant du secteur du pétrole et du gaz.
Coup d'oeil sur chacun.
Le secteur aurifère
Avec le prix de l'or, à un creux des quatre dernières années, et plusieurs autres secteurs qui se négocient à des sommets, l'analyste Don MacLean croit que les titres aurifères peuvent être comparés à des ressorts hélicoïdaux. Et que trois ingrédients pourraient cet été contribuer à leur détente.
Les voici.
1. Les coûts de production ont commencé à reculer et devraient encore s'améliorer
M. McLean note que les coûts des sociétés aurifères ont reculé dans une fourchette de 2 % à 7 % de 2012 à 2013, principalement en raison de réductions dans les budgets d'exploration, de reports de projets et de plus faibles dépenses administratives. Il s'attend à ce que la tendance s'accélère en deuxième moitié d'année et se poursuive en 2015, alors que les sociétés devraient commencer à se retrancher vers des projets à plus forte teneur et gagner en efficacité.
2. La saison estivale est généralement favorable
Historiquement, depuis 1992, la période mai-juillet est la meilleure pour prendre des paris sur le prix de l'or. Juin est légèrement positif, juillet est négatif. Mais août et septembre sont les mois où le prix du métal précieux a tendance à progresser (respectivement 14 et 15 années positives sur la période de 21 ans).
3. Les actions des aurifères sont maintenant assez corrélées au prix de l'or
C'est une condition importante. Parfois, le marché des actions peut déjà anticiper des mouvements sur les prix des commodités, ce qui fait que lorsque les mouvements se produisent, les titres ne bougent pas. Or, depuis le début de l'année, à l'exception des producteurs seniors, les titres suivent d'assez près le prix du métal jaune.
Ces trois facteurs combinés augmentent la probabilité que l'on assiste dans les prochains mois à une avancée des cours des actions aurifères, selon la maison.
Paradigm note que les sociétés d'exploration sont celles qui auraient le plus de levier à une hausse du prix de l'or. Elle aime particulièrement Mega Precious (MGP, 0,11 $) et Sabina (SBB, 0,76 $). Chez les petits producteurs, elle aime bien Alamos (AGI, 10,28 $) et Semafo (SMF, 4,67 $). Chez les intermédiaires, ses favorites sont Agnico (AEM, 36,72 $ $), New Gold (NGD, 6,80 $) et Detour (DGC, 13,33 $).
Verdict personnel ?
On ne croit pas beaucoup à une hausse du prix de l'or dans les prochaines années, mais il est effectivement possible qu'on assiste à des rebonds sporadiques. D'autant que l'on commence à parler d'inflation aux États-Unis, et que les discussions pourraient s'accentuer au cours des prochains mois. Le coup est spéculatif.
Le secteur des pétrolières et des gazières
La situation est ici différente en ce que le rebond n'est pas attendu, mais en cours.
Le sous-indice S&P TSX de l'énergie est en hausse de 16 % depuis le début de 2014. Plusieurs catalyseurs expliquent le mouvement : la remontée des prix du gaz naturel, un accès au marché amélioré pour les producteurs pétroliers canadiens et une amélioration du sentiment en général (expansion des multiples).
La question est donc de savoir si le rebond peut se poursuivre.
Kyle Preston note qu'au cours des 10 dernières années, la performance du sous-indice sur un début d'année a excédé 10 % à quatre reprises (2005, 2007, 2008 et 2009). Deux fois la poussée s'est poursuivie, deux fois elle a pris fin. Plutôt moyen comme probabilité de poursuite.
Si l'on s'attarde à la performance de juin à décembre des 10 dernières années, on découvre cependant que le sous-indice s'est en moyenne apprécié de 16 % dans six de ces années, y compris une poussée de 41 % en 2005. Les quatre autres années, il a en moyenne reculé de 17 %, mais en incluant un effondrement de 47 % en 2008.
M. Preston croit que si, le scénario positif prévaut, l'indice S&P/TSX de l'énergie pourrait augmenter d'encore 10 % à 15 %. À l'inverse, il pourrait céder de 5 % à 10 % si le scénario négatif s'avère. M. Preston est plutôt optimiste et recommande quelques titres qui lui semblent offrir un bon potentiel, étant donné leur évaluation et de la croissance attendue. Au nombre de ceux-ci : Arc Resources (ARX, 33,12 $), Bonavista (BNP, 16,93 $), Baytex (BTE, 49,60 $), Crescent Point Energy (CPG, 46,91 $), Canadian Natural Resources (CNQ, 48,01 $), Enerplus (ERF, 25,56 $), Peyto Exploration (PEY, 41,84 $), Suncor (SU, 47,00 $) et Whitecap Resources (WCP, 16,39 $).
Verdict personnel ?
On n'aime guère les étirements d'élastique. Notre école est le long terme, et nos quelques expériences de court terme nous ont appris ceci : courir après un train manqué et qui roule depuis un bout de temps est rarement très payant, et souvent très pénalisant.