Les libéraux reculent sur leur volonté d'équilibrer le budget en 2014-15. Comme le PQ, ils visent maintenant 2015-16. Une promesse de réduction d'impôt est cependant introduite. Réaliste? Peut-être, mais on ne parierait pas la maison là-dessus.
Il y a quelques semaines encore, le PLQ répétait que le gouvernement du Québec devrait équilibrer ses finances publiques en 2014-15. Au terme du débat économique de vendredi,à Montréal, il était devenu apparent que l'équipe libérale avait changé d'objectif.
L'annonce du report de l'équilibre budgétaire n'est donc pas une grande surprise. Celle de l'élimination graduelle de la taxe santé à compter de 2016-17 (autour de 200$ par année en moyenne) l'est cependant.
Voyons-y de plus près.
La force du cadre financier
L'innovation la plus intéressante réside dans la mise sur pied d'une commission permanente de révision des programmes et de leur mode de livraison. Elle a pour but d'améliorer l'efficacité. L'initiative devrait permettre d'aller chercher des économies en continue, et diminuer les risques actuels de coupes dans le bon grain plutôt que dans l'ivraie. Il y a en outre une volonté de retrancher pour 1,3 G$ sur cinq ans en coûts de bureaucratie.
Il faut aussi souligner qu'on fait preuve de plus prudence qu'ailleurs sur la croissance des coûts de santé et d'éducation.
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Là où on est moins sûr
Le plan prévoit le rétablissement du programme initial d'investissement en infrastructures, ce qui, sur cinq ans, ajoutera 7,5 G$ à la dette.
L'objectif est de donner de l'élan au PIB, de diminuer plus rapidement le déficit et d'augmenter d'éventuels surplus à venir. En prenant le pouvoir, le PQ avait cependant décidé de freiner la cadence de ces investissements parce qu'ils faisaient grimper la dette trop rapidement et rendaient douteuse l'atteinte des cibles d'endettement par rapport au PIB. Le PLQ soutient que sa politique économique augmentera la croissance du PIB et permettra, en 2018-19, d'atteindre le même ratio dette/PIB que celui prévu au budget. C'est possible, mais, dans l'intérim, on sera au-dessus des cibles prévues.
L'effort d'efficacité demandé aux sociétés d'État semble aussi discutable. On parle de 1,150 G$ sur cinq ans pour des entités qui génèrent 5 G$ de revenus annuellement. Ce serait assurément envisageable dans un premier tour de compressions, mais ça fait quelques fois maintenant qu'on demande aux sociétés d'État de faire mieux. Il y a efficience et efficience. La SAQ et Loto-Québec ont aussi besoin de certains budgets et certaines ressources pour générer les mêmes niveaux de revenus.
Là où on est de moins en moins sûr
Là où on est de moins en moins sûr
En 2014-15 il y a pour 600 M$ de "mesures de réduction du déficit", qui doivent venir en surplus des mesures de réduction de la bureaucratie. En 2015-2016, il y a pour 750 M$ de ces mêmes mesures. Le PLQ indique que ces coupes proviendront des enveloppes de programmes, sauf celles de la santé et de l'éducation. Il est le premier à reprocher au PQ de ne pas être clair sur ce qui sera coupé. Ce n'est pas clair ici non plus.
Le talon d'Achille de ce cadre financier se trouve cependant dans la croissance des revenus qu'on y incorpore. Voici ce que postule le budget pour les années à venir et ce que postule le cadre libéral.
2014-15. Budget: 4,6%; PLQ: 4,8%
2015-16. Budget:4,3%; PLQ: 4,6%
2016-17. Budget:3,9%; PLQ: 4,4%
2017-18. Budget: 3,5%; PLQ: 4,3%
2018-19. Budget: 3,3%; PLQ: 4,3%
Il suffit qu'en 2018-19, la croissance économique soit celle prévue au budget plutôt qu'au cadre libéral et l'histoire ne tient plus. La cible d'endettement que l'on doit atteindre est alors défoncée et il devient impossible d'abolir la taxe santé.
Le Parti libéral fait valoir que sa politique économique sera nettement plus performante que celle du PQ. Peut-être. Il n'en reste pas moins que le cadre budgétaire actuel du gouvernement est déjà sous l'influence d'une politique économique et de stimulation. Il faudra vraiment qu'elle soit beaucoup plus performante.
Pour l'heure, avec une relance du Plan Nord qui dépendra davantage du prix des matières premières que de l'effort gouvernemental, et une stratégie maritime dont les preuves restent à faire, il est difficile de ne pas avoir un doute sur les probabilités de succès de l'équation.
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