À première vue, mieux vaudrait ne pas trop s'approcher du secteur. Les volumes de transactions sur les marchés boursiers ont lourdement chuté au cours des dernières années. Pourtant, il pourrait bien être temps de prendre position dans le courtage à escompte.
En 2009, plus de 2 400 milliards d'actions et d'obligations ont changé de mains sur les marchés aux États-Unis. En 2014, malgré une légère remontée, le nombre d'opérations n'était toujours que légèrement au-dessus de 1 600 milliards d'actions. Un recul de 34 % sur cinq ans. Pas surprenant qu'on ait assisté pendant la période à d'importantes baisses de prix chez les escompteurs. Il n'y a pas si longtemps, acheter ou vendre des actions pouvait coûter de 30 à 40 $ de commission. C'est plutôt aujourd'hui de 10 $.
En théorie, la situation aurait dû conduire à un véritable carnage sur les titres des escompteurs. Des clients qui effectuent moins de transactions et qui, en plus, le font pour moins cher. Pourtant, les cours de Schwab, d'E-Trade ou encore de TD Ameritrade, sont tous à des niveaux significativement plus élevés qu'en 2009.
Le constat nous a surpris. De plus, un récent rapport de RBC Marchés des Capitaux prévoit que les bénéfices de ces trois sociétés devraient afficher une croissance annuelle composée moyenne de 21,5 % au cours des trois prochaines années.
Comment la chose est-elle possible ? L'analyste Bulent Ozcan appuie ses prévisions sur un certain nombre de tendances. Regardons-y de plus près.
Les transactions stagnent, mais la base grossit
Le nombre de transactions stagne, mais la base de clients des escompteurs grossit. Un sondage de Deloitte mené en 2012 auprès de ménages dont les actifs d'investissement variaient de 100 000 $ à 1 M$, permet de croire que la crise financière a eu un effet assez dévastateur sur la confiance des clients envers leurs conseillers financiers. Près de 42 % des sondés travaillaient avec un conseiller avant la crise. Après celle-ci, cette proportion était de 33 %. Les clients ayant fait défection évoquent la confiance et le coût des services comme motifs de départ.
Le phénomène ne devrait pas s'arrêter. L'analyste estime qu'en raison des coûts, de plus en plus d'investisseurs décident de gérer eux-mêmes leur portefeuille. Et ils sont maintenant de mieux en mieux outillés pour le faire. Les robots conseillers gagnent en accessibilité. Après une série de questions, ces systèmes informatiques sont en mesure de déterminer la situation financière d'un individu puis de créer - à l'aide d'algorithmes et de théories financières modernes - des portefeuilles adaptés. Ils étaient déjà utilisés par des conseillers financiers, mais ils sont maintenant en voie d'être offerts par de plus en plus de courtiers à escompte.
Autre élément qui devrait continuer de faire grossir la base de clients particuliers : l'évolution de la pyramide d'âge. Les boomers n'étaient pas tellement familiarisés avec la technologie. Les générations X et Y le sont.
Plus de conseillers indépendants
Il n'y a pas que la migration de clients individuels qui nourrisse la base. De plus en plus de conseillers quittent les grands courtiers.
En 2010, un peu plus de 27 G$ US ont délaissé les comptes de courtiers traditionnels. On était à 56 G$ US l'an dernier, et RBC s'attend à ce que près de 65 G$ US migrent cette année.
Le phénomène tient à deux facteurs : l'inconfort des conseillers, qui se sentent parfois forcés de mettre en avant des produits de la maison ; la part de commission qu'ils reçoivent, qui est jugée trop faible par rapport à ce qu'ils peuvent obtenir en volant de leurs propres ailes.
Plusieurs courtiers à escompte bénéficient de la tendance parce qu'ils agissent comme fiduciaires des comptes. Ils obtiennent des frais de garde sur la valeur des actifs. Ils peuvent aussi tarifer les transactions effectuées.
Les fonds négociés en Bourse gagnent en popularité
Un autre axe de croissance intéressant. Les fonds négociés en Bourse (FNB) gagnent en popularité. Depuis 2005, l'actif sous gestion des FNB a grimpé au rythme phénoménal de 22,7 % par année. L'an dernier, il a augmenté de près de 18 %.
La migration ne semble pas près de diminuer, la plupart des gestionnaires de fonds communs traditionnels ayant de la difficulté à battre leurs indices.
Les courtiers à escompte bénéficient du phénomène, d'abord, parce qu'ils sont souvent eux-mêmes fabricants de FNB et peuvent les offrir à leurs clients (ils récoltent alors plus de frais de gestion sur ces FNB). Ensuite, parce qu'ils peuvent imposer des frais aux FNB concurrents afin de les offrir à leurs clients.
Sans compter que les taux d'intérêt pourraient grimper
Ce qui serait un autre plus pour les escompteurs. Ceux-ci ont parfois leurs propres fonds de marchés monétaires et perçoivent des frais de gestion sur ceux-ci. Ces dernières années, ils ont cependant dû réduire ces frais afin que leurs clients puissent encore toucher un petit taux d'intérêt. Une hausse des taux permettrait de hausser ces frais.
D'autres escompteurs, un peu comme les banques, utilisent les dépôts des clients en les replaçant temporairement pour récolter plus de revenus. Une hausse des taux leur serait aussi favorable.
Qui jouer ?
Dans le contexte, Bulent Ozcan, de RBC Marchés des Capitaux, aime bien le titre de Schwab (SCHW, 30,57 $ US) auquel il accole un cours cible de 38 $ US, de même que celui d'E*Trade (ETFC, 28,35 $ US), dont le cours cible est à 35 $ US.
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Source : Bloomberg