Rona est-elle au printemps d'un nouveau cycle de croissance? Une hirondelle ne fait pas la saison, dit le dicton. Mais elle peut donner de l'espoir. On en a vu passer une, mardi, avec les résultats du premier trimestre de la société.
Pendant que les mises en chantiers reculaient de 6,3% au Canada au cours de la période, les ventes des établissements comparables du quincaillier grimpaient de 5,5%. Lisez notre texte complet sur les résultats
De quoi donner la bonne humeur aux actionnaires qui assistaient à l'assemblée annuelle. Ce n'est pas toutes les sociétés qui voient les fondamentaux de leur marché décrocher, et qui réussissent à améliorer leurs ventes et leur rentabilité. On ne peut manquer de se dire: si le marché reprend, le levier sera important.
Que se passe-t-il chez Rona?
Certains diront qu'il faut nuancer un peu ces résultats. Sur la même période, les reventes de maison ont augmenté de 5,7%. Ce n'est certainement pas un mauvais signal. Plusieurs acheteurs ont tendance à rénover après une acquisition. C'est cependant apparemment beaucoup moins vrai que dans le passé. Aux prix où se vendent aujourd'hui les maisons, les acheteurs décident plutôt de repousser les rénovations à plus tard.
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En fait, le chef de la direction de Rona, Robert Sawyer, attribue la performance à une myriade d'initiatives: la transformation et le repositionnement de Réno-Dépôt, l'arrivée de nouvelles catégories de produits, l'amélioration des programmes auprès des entrepreneurs en construction (augmentation du nombre et des volumes), un meilleur stockage saisonnier que la concurrence (dans l'Ouest où le printemps est arrivé prématurément), etc.
L'on peut discuter de la force des résultats, mais il est clair qu'un travail important de redressement s'est opéré dans les deux dernières années, et que Rona est aujourd'hui une entreprise nettement améliorée.
En 2012, plusieurs doutaient de la capacité de la société à réellement se redresser. Quand la Caisse de dépôt avait pris position dans le titre pour signaler à Lowe's qu'elle n'accepterait pas une offre à 14,50$, beaucoup se demandaient si elle reverrait un jour son argent. Lowe's se retirant, le titre était tombé à près de 9$. Il est cependant aujourd'hui à plus de 16$ et Michael Sabia peut se targuer d'avoir gagné son pari.
Quelle sera la suite des choses?
Quelle sera la suite des choses?
Comme chaque fois, c'est ici que ça se complique.
Rona est-elle dans une industrie à maturité?
Dans la grande surface, ça semble. De la conférence de presse d'après assemblée, on retient que la direction n'est pas convaincue de pouvoir continuer à croître en rentrant avec de gros formats dans de nouveaux marchés. Elle cherchera plutôt généralement à agrandir des surfaces dans des marchés où elle est déjà présente et dont elle peut mieux mesurer le potentiel.
Elle pourrait aussi chercher à consolider certains indépendants, qui pèsent encore pour 75% du marché, selon le président du conseil, Robert Chevrier.
Quelque chose nous dit que la croissance à venir de Rona passera davantage par les stratégies dont elle ne veut pas trop parler publiquement: ses programmes visant à attirer et fidéliser plus d'entrepreneurs en construction, de même qu'une plus grande offre de produits.
Temps pour Lowe's de revenir à la charge?
Dans leurs souliers, on attendrait encore quelques trimestres, le temps de voir ce que cette nouvelle équipe met en place et si sa stratégie continue de bien fonctionner.
Ça pourrait bien être ce que les Américains ont à l'esprit. Des 13 magasins Target que Lowe's vient de racheter, aucun n'est au Québec…
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