BLOGUE. Les pays de la zone Euro consentent finalement à venir en aide aux banques espagnoles. Bonne nouvelle, mais l'opération ne viendra pas empêcher le ralentissement de l'économie mondiale.
Selon une évaluation du Fonds monétaire internationale, il manque environ 40 G d'euros pour que les banques espagnoles soient suffisamment capitalisées pour faire face à une accentuation des perturbations économiques, ou une détérioration de la confiance. L'agence de notation Fitch évaluait plutôt la semaine dernière qu'il manquait entre 60 et 100 G d'euros.
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Les états européens ont décidé de ne pas prendre de chance et d'aller à la haute fourchette: ils débloqueront jusqu'à 100 G d'euros, via le Fonds européen de stabilité financière (FESF) ou son successeur, le Mécanisme de stabilité européen (MES). Les fonds seront injectés dans le Fonds public d'aide au secteur bancaire (FROB), un fonds propriété de l'État espagnol.
Il n'est pas clair comment le FROB recapitalisera les banques, mais on peut penser que ce sera sous forme d'une injection en capital qui sera davantage traitée comme un investissement en équité que comme un prêt. Autrement, la recapitalisation n'en serait pas vraiment une.
La bonne nouvelle, c'est que l'intervention vient fortement diminuer le risque d'un éventuel gel du marché du crédit en Espagne, et, par effet domino, une détérioration des conditions de crédit sur le marché européen et même mondial.
La moins bonne, c'est que l'argent n'en demeure pas moins un prêt à l'Espagne, qui ne fera qu'augmenter davantage sa dette. Haitong International Securities évalue que son ratio d'endettement passera de 68,5% à 74,8% du PIB si l'aide est de 60 G d'euros et à 77,8% si elle est de 100 G d'euros.
Les termes de l'aide financière, tels que le taux d'intérêt auquel elle sera consentie, ne sont pas connus. Mais il est évident que le fardeau du service de la dette du pays vient de s'alourdir.
Ce qui ne simplifiera pas l'atteinte de l'objectif qui lui est fixé de ramener son ratio déficit/PIB de 8,9% en 2011 à 5,3% cette année.
C'est l'atteinte de cette cible qui demeure complexe pour l'économie espagnole et l'économie mondiale. L'échec à l'atteindre viendrait encore une fois rappeler comment est gigantesque le défi de sortir de cette crise sans que toutes les économies de la planète ne passent par une sévère récession.
On a beau croire que l'économie américaine et l'économie chinoise peuvent ensemble tirer l'économie mondiale, cela reste à voir. Le déficit américain est à 10% du PIB, un niveau insoutenable qu'il faudra sérieusement corriger après les prochaines élections. L'objectif apparaît être de le ramener à 5% d'ici 2016 (il est difficile de suivre les objectifs américains). Un repère qui peut sembler plus facilement atteignable, mais qui, face à un marché de l'emploi qui tangue déjà malgré un nombre extraordinaire de mesures de stimulation, n'est pas aussi aisé qu'il ne le paraît.
Ce n'est pas pour rien que Fitch menaçait il y a quelques jours de dégrader la dette américaine et que Standard & Poors prévenait en fin de semaine qu'elle pourrait y aller d'une deuxième décote en 2014.
L'accord espagnol est une bonne chose, mais, sur le fond, d'importants problèmes persistent. Et le risque d'un recul de l'économie mondial demeure toujours important.