Bombardier y va d'une nouvelle coupe. Cette fois, au moins 1800 postes seront éliminés chez Bombardier Aéronautique. Voulait-on vraiment vous le dire? Rarement aura-t-on eu autant de difficultés à voir clair dans une annonce.
16h, l'annonce de la réorganisation tombe sur les fils de presse.
À ce moment, la nouvelle est essentiellement ce qui suit:
1-Bombardier se réorganise et Guy Hachey, le grand patron de l'aéronautique, part à la retraite.
2-Une nouvelle division est créée afin de tenter de vendre plus de pièces d'avions modernes à d'autres sociétés aériennes.
On comprend du communiqué que les divisions des jets régionaux et des avions d'affaires continueront d'être dirigées par les mêmes personnes, mais que ces dernières répondront désormais directement de Pierre Beaudoin plutôt que de monsieur Hachey. On comprend aussi qu'il y aura un peu d'attrition, mais sans plus.
Coup de fil à l'entreprise donc pour tenter d'en savoir plus long sur le départ de monsieur Hachey et ce que fera exactement cette nouvelle division.
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L'explication est que monsieur Hachey quitte parce que la structure qu'il occupe est abolie. Il y a aussi quelques informations sur la nouvelle division, mais ce n'est pas limpide. L'entreprise va aux infos pour nous fournir un peu plus de détails.
Bombardier rappelle avec les détails, la conversation s'engage alors de façon anodine sur l'importance de "l'étage de monsieur Hachey" et les économies qui pourront être tirées de son abolition.
Aucune réponse quant aux économies, mais on parle soudain "d'une réduction de 15% des fonctions indirectes dans l'aéronautique" (ressources humaines, communications, finances, etc).
Fin de la conversation.
Le chroniqueur infère que cette réduction fait partie des coupes déjà annoncées en janvier. Mais le doute s'installe. Nouveau coup de fil chez Bombardier.
-Est-ce que ces coupes auxquelles vous venez de faire allusion sont à l'intérieur des coupes de 1700 postes (dont 1100 à Montréal) ou s'ajoutent-elles?
-Elles s'ajoutent.
-Ah oui?!!? Mais pourquoi ne pas l'avoir écrit dans le communiqué? C'est combien d'économies?
-On ne l'a pas écrit dans le communiqué, mais je vous le dis verbalement. Quant aux économies, nous ne les avons pas.
Quelques minutes plus tard, La Presse Canadienne lance une dépêche qui parle de la suppression de 1800 emplois, soit 4,8% de l'effectif total à travers le monde.
Nouvel appel chez Bombardier, qui confirme le chiffre.
Que tirer de l'histoire?
Que tirer de l'histoire?
Bombardier a annoncé mercredi une opération de restructuration de ses activités encore plus importante que celle qu'elle avait annoncée en janvier. Vous avez bien lu, plus importante. Mais elle a tenté de profiter de l'été pour qu'elle passe inaperçue. Comment peut-on annoncer la suppression de 1800 emplois dans son entreprise et ne pas le dire dans le communiqué? Pourquoi ne joue-t-on pas franc jeu lorsque les journalistes posent des questions et tentent de cerner et quantifier l'impact de la réorganisation?
Officiellement, cela n'a rien à voir avec un nouveau besoin de capitaux qui serait occasionné par un possible délai supplémentaire dans la mise en service du CSeries (suite à l'incendie d'un moteur). Cela n'a pas non plus à voir avec une évolution du plan d'affaires qui ne fournirait plus les rendements escomptés.
On veut bien le croire.
Mais si Bombardier, qui bénéficie d'importants fonds gouvernementaux, tente un jeu de cache-cache avec le public sur des éléments aussi fondamentaux que ces 1800 coupes, qui dit qu'elle ne joue pas au même jeu ailleurs?
Elle devrait rapidement revenir à une politique de transparence. Le faux pas vient de faire baisser sa crédibilité.
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