BLOGUE. La ministre de l'éducation et vice-première ministre, Line Beauchamp, démissionne. Importante perte pour le gouvernement et la province, mais qui est difficile à comprendre et qui a peu de chances de faire évoluer les choses.
Le retrait de la vie politique de madame Beauchamp n'est pas une bonne nouvelle pour le Québec. Elle avait réussi à se bâtir une solide réputation d'écoute dans les dossiers qu'elle avait menés précédemment et avait été en mesure de réconcilier plusieurs intérêts dissonants, que ce soit lors de son passage à la culture ou à l'environnement.
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PLUS : Line Beauchamp démissionne
C'était apparemment une médiatrice hors pair dont le talent manquera aux affaires publiques.
Il est difficile de dire si l'impression est généralisée, mais on la sentait personnellement mal à l'aise dans le mandat qui lui était actuellement confié et qui, malgré les concessions accordées, était encore de l'ordre de "la ligne dure". On peut se demander si sa décision de se retirer de la vie politique (plutôt que de demander une réaffectation) n'est pas en quelque sorte liée à une obligation d'aller contre certaines de ses valeurs personnelles.
On peut d'autant se le demander que les motifs publics évoqués pour justifier le départ n'apparaissent pas très solides. Madame Beauchamp dit en quelque sorte espérer que son retrait permettra de rétablir un meilleur canal de discussions, mais de l'aveu même des leaders étudiants, sa personne n'a jamais été un problème. La difficulté est avec la force de la hausse des frais de scolarité, et non avec Line Beauchamp.
Il est un peu décevant aussi de voir que la vice-première ministre sorte en tentant de laisser entendre que les étudiants sont capricieux parce qu'ils ont refusé en matinée une proposition de moratoire liée à la tenue d'une commission parlementaire à l'automne.
Dans les souliers des étudiants, on aurait aussi demandé des états généraux sur l'éducation plutôt qu'une commission parlementaire. Une commission parlementaire serait presqu'assurément noyautée d'éléments libéraux et adéquistes, favorables à une forte hausse des frais de scolarité. L'offre ministérielle n'était pas loin d'équivaloir à un simple report d'exécution. Dans le style "placez votre tête sur le billot, la hache ne s'abattra que plus tard".
Où est la solution?
Où est la solution?
Au point où en sont les choses, la suggestion d'aller du côté d'un moratoire sur la hausse pour les prochains mois apparaît la plus sage.
Les problèmes ne seront pas réglés par ce moratoire, mais il aura pour effet de faire baisser la pression sur l'ensemble du système éducatif québécois. L'on se dirige actuellement vers un véritable capharnaüm à l'automne qui ne servira personne.
Réglons maintenant les difficultés susceptibles d'enrayer nos systèmes éducatifs et d'emplois. Cela n'empêchera pas les échanges de se poursuivre.
Et cela donnera le temps à toutes les parties de réfléchir de façon moins émotive. Le gel n'est pas une solution acceptable, tout comme l'augmentation demandée est trop importante. Cherchons le mitoyen, c'est généralement là que le plus d'intérêts se rencontrent.
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